« Je sais que personne ne l’a poussé. Je le sais, je le sais. C’est tout. » Entre deux trous de mémoire, l’affirmation est prononcée avec une rare vigueur par Dan L., le principal accusé, interrogé dans la matinée de vendredi par la présidente de la cour d’assises de Bobigny qui lui rétorque alors du tac au tac : « Vous ne savez pas grand-chose, mais ça vous savez. »
Toute la journée a été consacrée aux auditions de trois des quatre jeunes gens, jugés depuis mardi pour la noyade dans le canal de l’Ourcq de Saïd Bourarach, vigile du magasin Batkor, à Bobigny, le 30 mars 2010. Le maître-chien de 35 ans, père de famille, a perdu la vie alors qu’il était pris en chasse par un groupe de poursuivants à l’issue d’une altercation sur le parking de l’établissement de bricolage dont il avait la surveillance.
[...] Le matin même, les explications de Dan L., n’ont pas été claires, ponctuées de « je ne me souviens pas ». Le jeune homme de 24 ans est à l’origine du drame, en ayant cherché à acheter un pot de peinture et un pinceau, malgré la fermeture du magasin. Ces trous de mémoire, il les justifie par un accident suivi d’un coma qu’il a eu entre-temps. Son grand frère, Michaël est en revanche affirmatif sur les injures qu’aurait tenues le vigile, dans la deuxième phase de l’agression. « Il a dit “Dégage sale race”. Je ne pense pas que c’était de l’antisémitisme (NDLR : les accusés sont de confession juive). C’était de la colère. »
Ces allusions ont bouleversé la nièce de la victime qui est venue s’exprimer à la barre. « C’est à l’opposé des valeurs de respect de ma famille et de mon oncle. Et s’il avait proféré des insultes, il l’aurait fait en arabe qu’il maîtrisait mieux que le français. »
Le procès reprend lundi et s’achèvera jeudi.