L’ancien boxeur Jean-Claude Bouttier, entré dans l’histoire du noble art après ses mythiques combats contre Carlos Monzon, est mort à l’âge de 74 ans, a annoncé son ami et journaliste sportif Charles Bietry, samedi 3 août.
Né en 1944 à Saint-Pierre-La-Cour, un petit village de Mayenne, rien ne prédestinait Jean-Claude Bouttier à disputer deux ceintures mondiales contre la terreur argentine. Apprenti boucher à 14 ans, le garçon ne semblait alors pas le plus doué pour la boxe. Mais sa détermination est sans faille, et, à force de combats amateurs, le jeune homme se taille une place dans ce milieu si codé.
En janvier 1971, il décroche le titre de champion de France – « le plus beau de ma carrière », disait-il au Monde – et remporte, cinq mois plus tard, la ceinture européenne à Roland-Garros devant un public en délire. Belle gueule, bonne élocution, sens de la formule… l’athlète devient une figure populaire.
Jean-Claude Bouttier s’attaque ensuite au titre mondial que détient la terreur des rings, l’Argentin Carlos Monzon. « Il fallait voir ce que c’était à l’époque. Tout le monde en avait une peur bleue », racontait Bouttier en 2011, peu de temps après la publication de son livre, Poing final.
« Moi, je n’ai jamais ressenti cela. Si on a la trouille, il ne faut pas monter sur un ring. Mon schéma tactique était simple : lui rentrer dans la gueule ! »
Le 17 juin 1972, les deux athlètes s’affrontent à Colombes. À la sixième reprise, Monzon va au tapis. Sans solution, l’Argentin donne un coup de pouce dans l’œil de son adversaire. Bouttier doit abandonner.
« Les gants n’avaient pas de coutures, ce qui rendait possible une telle action. Des années plus tard, en Argentine, Carlos m’a avoué qu’il n’avait trouvé que cette parade pour me battre. »
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Convaincu d’avoir ses chances face au multiple champion du monde, qui devait demeurer invaincu pendant treize ans (seulement trois défaites en cent combats au cours de sa carrière), Bouttier obtient une revanche à Roland-Garros.
Son ami Alain Delon organise l’événement le 29 septembre 1973. Le natif de Saint-Pierre-la-Cour, dans la Mayenne, est devenu le nouveau Marcel Cerdan, poids moyen également auréolé de gloire mais à la fin tragique.
« À Colombes, je bougeais beaucoup. À Roland-Garros, je suis rentré dedans en permanence », devait expliquer le Français, né le 13 octobre 1944. « D’ailleurs, pendant les douze premiers rounds, j’étais champion du monde, je menais aux points. Ensuite, il m’a touché au foie. »
Battu une nouvelle fois par l’Argentin, surnommé à juste titre « le fusil », par décision unanime à l’issue des quinze rounds, Bouttier récupère brièvement en 1974 son titre de champion d’Europe, acquis en 1971, avant de mettre un terme à sa carrière après un combat face à Max Cohen. Son grand rival dans l’Hexagone l’emporte à l’issue d’une décision que Bouttier « n’a jamais digérée, tant elle (lui) paraissait injuste ».
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À l’invitation de son ami Charles Biétry, responsable des sports au sein de la toute nouvelle chaîne de télévision payante, il démarre en 1984 une carrière de consultant et de commentateur qui durera plus de 25 ans, jusqu’en 2011.
« Quand je commentais, j’avais la vraie sensation d’être sur le ring. Comme si je prenais les coups. Je mouillais ma chemise. »
Au bord du ring à Las Vegas pour Hagler/Hearns, son premier combat en tant que consultant en 1985, il retrouve une vieille connaissance, Bob Arum, grand promoteur américain qu’il met en contact avec Canal + pour l’obtention d’un contrat qui fera la fortune de la chaîne cryptée.
« Ma passion, c’est le terrain, les rings, les boxeurs », expliquait-il à ceux qui lui reprochaient de ne s’être pas engagé politiquement. Nombreux estiment pourtant qu’il aurait fait un excellent président de la Fédération française de boxe.
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Sur Jean-Claude Bouttier, voir à partir de la neuvième minute :
Le combat Bouttier-Monzon de 1972 (malheureusement en mauvaise qualité) :