Depuis deux semaines, on assistait à un procès à sens unique. Mais vendredi, l’un des témoins les plus importants était appelé à la barre : le médecin légiste qui a réalisé l’autopsie de George Floyd. Et s’il a répété que « l’immobilisation » de la victime par Derek Chauvin et une « compression du cou » étaient la cause principale de sa mort, Andrew Baker a également jugé que les problèmes cardiaques de la victime et la drogue présente dans son organisme constituaient des « facteurs ayant contribué » à son décès.
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S’il a bien listé une présence élevée de Fentanyl dans l’organisme de George Floyd, ainsi qu’une hypertrophie cardiaque et une obstruction partielle de ses artères coronaires dans les « autres pathologies importantes », le légiste juge qu’elles « n’ont pas directement causé » sa mort. C’est alors qu’il ajoute : « Selon moi, l’immobilisation des forces de l’ordre et la compression du cou étaient plus que ce que Mr Floyd pouvait supporter, compte tenu de la condition de son cœur. »
C'est parti, le médecin légiste Andrew Baker, qui a réalisé l'autopsie de George Floyd, à la barre #ChauvinTrial pic.twitter.com/WSmvqjMkHP
— Philippe Berry (@ptiberry) April 9, 2021
Se sentant en terrain dangereux, Jerry Blackwelll ne s’éternise pas. Il boucle son interrogatoire en 45 minutes. La veille, le témoignage du pneumologue qui avait accablé les policiers avait duré près de 3 heures.
L’avocat de Derek Chauvin, Eric Nelson, ne rate pas l’occasion lors de la cross-examination (contre-interrogatoire) :
– Selon vous, sa maladie cardiaque, son hypertension et les drogues ont joué un rôle dans la mort de Mr Floyd ?
– Selon moi, oui.
Nelson continue en mettant en avant de nombreux détails du rapport d’autopsie pour tenter de relativiser la pression exercée par les policiers. Le légiste n’a pas trouvé de bleus sous-cutanés ou musculaires sur le cou ou le dos de George Floyd. Il n’a pas non plus détecté de lésions cérébrales ou de blessures parfois associées à des asphyxies. Visiblement mal à l’aise, le médecin explique qu’il « n’y en a pas toujours » et que cela « dépend des types d’asphyxie ». Il reconnaît du bout des lèvres que le Fentanyl peut ralentir la respiration mais souligne que George Floyd, addict depuis des années, avait sans doute une « tolérance élevée ». La veille, un pneumologue renommé avait catégorique écarté une overdose.
Le procureur, qui a le privilège de conclure un interrogatoire, tente de limiter les dégâts. Il rappelle que le légiste a conclu à un « homicide ». Et Andrew Baker le répète : les drogues et les artères de George Floyd « ne sont pas des causes directes » de son décès « mais des facteurs y ayant contribué ».
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"Selon moi, l'immobilisation des forces de l'ordre et la compression du cou étaient plus que ce que Mr Floyd pouvait supporter compte tenu de la condition de son coeur", dit le légiste. Fin de phrase sur le coeur potentiellement importante pour la défense#ChauvinTrial pic.twitter.com/Sld5t5Y3ig
— Philippe Berry (@ptiberry) April 9, 2021
« Même si le dossier de l’accusation est globalement très solide, les preuves médicales sur la cause du décès sont en train de devenir sa plus grande faiblesse », juge Ted Sampsell-Jones. Selon lui « le jury a assisté à un témoignage équivoque du légiste et commence à voir pourquoi les procureurs ont pris leurs distances en s’appuyant fortement sur des experts externes ».
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