Les vies non noires comptent aussi
- Mohammad Anwar
Deux adolescentes noires de 13 et 15 ans, dont l’une au moins était armée d’un taser, ont braqué un chauffeur pakistanais Uber qui livrait de la nourriture en voiture. L’homme est mort dans l’accident qui a suivi. Le drame a eu lieu à Washington DC, où siège le Capitole. C’est pour cette raison que très vite, des militaires sont arrivés sur place.
Appalling footage of the carjacking near Nationals Park in Washington D.C. on Tuesday that resulted in the death of Pakistani immigrant & Uber Eats driver Mohammad Anwar. The teenage girls who police say used a Taser to steal the car face murder charges.pic.twitter.com/mOPnrLBf0t
— Jerry Dunleavy (@JerryDunleavy) March 27, 2021
Pourquoi publier cette vidéo dramatique ?
Parce que depuis la mort de George Floyd, il n’est pas une journée sans BLM, Black lives matter, un slogan qui a été repris même en France, où pourtant les Noirs ne sont pas abattus par la police. Il fallait rappeler que la criminalité est malheureusement importante dans la communauté noire, qui rassemble 13 % de la population américaine, et chacun, quel que soit son bord politique, y trouvera son explication.
Culturelle, politique, sociologique, c’est malgré tout un fait : si la justice et les forces de l’ordre américaines ne font pas dans le détail, la moitié des meurtres sont le faits de Noirs, mais dans leur grande majorité de Noirs contre des Noirs. Et de jeunes Noirs contre de jeunes Noirs (violences inter-gangs). Il faut reconnaître que la société (américaine) et les médias s’inquiètent quand cette violence intraspécifique (ou intracommunautaire) sort de la communauté noire, par exemple quand un Noir tue un Blanc.
Nous ne sommes pas chez E&R pour coloriser les drames, car ils sont avant tout politiques, éducatifs et sociaux. Mais nous ne nous cachons pas derrière les fadaises des manipulés/manipulateurs de SOS Racisme, de la haineuse Assa Traoré (dont les frères sont majoritairement délinquants) ou de la penseuse Yseult, désormais réfugiée – raciale ou fiscale – en Belgique.
Par exemple, pour faire dans le social, et puisque outre-Atlantique les statistiques ethniques ne sont pas interdites, il y a
deux fois plus de Noirs que de Blancs ou d’Asiatiques au chômage
deux fois moins de Noirs qui ont fait d’études supérieures, malgré la politique de discrimination positive
un revenu médian inférieur de moitié dans la communauté noire
un taux de pauvreté global deux fois supérieur
et enfin une espérance de vie (75 ans) de 7 ans inférieure aux Blanc (82) et de 10 ans inférieure aux Asiatiques (86).
Continuons sur notre lancée : 12 % des Américains vivent sous le seuil de pauvreté, comptabilisé en deçà de 12 dollars par jours. Eh bien, dans la communauté noire, ce chiffre se monte à 20 %. Maintenant, passons aux stats criminelles : les Noirs constituent 30 % de la population carcérale, pour, on le rappelle, 13 % de la population. Et ils sont 34 % dans le couloir de la mort, nous renseigne Le Figaro.
Pour aller encore plus loin, et montrer qu’un malheur ne vient jamais seul, ce sont les Noirs les plus touchés par l’épidémie de grippe asiatique, dite Covid. De là à imaginer que les Asiatiques veulent éliminer les Noirs aux États-Unis pour les remplacer, on peut être sûrs que certains paranoïaques racialistes y ont pensé ! Par exemple, en Louisiane et dans la ville de Chicago, 70 % des personnes décédées sont noires. Là, il s’agit d’un problème d’immunité, donc d’alimentation et de soins.
Dans des États pauvres où la santé publique est défaillante, il ne faut pas aller chercher l’explication d’un virus qui serait antinoir. Certaines petites villes ou certains quartiers, à majorité noire, n’ont même pas de magasin d’alimentation avec fruits et légumes, uniquement des snacks qui vendent de la junk food, celle qui mène à l’obésité, dès le plus jeune âge, et à une mort précoce par maladie cardiovasculaire.
L’Histoire des États-Unis est à la fois récente et violente, et personne n’y a échappé. En trois siècles, ce pays colonisé a connu des guerres internes (contre les Indiens, les Anglais), une guerre civile (600 000 morts et 400 000 blessés), sans oublier les dizaines de guerres extérieures (Mexique, Philippines, Indonésie, Japon, Viêt Nam, et on en oublie) dont certaines ont frôlé l’extermination. Enfin, on y comptabilise 30 000 morts par arme à feu chaque année, dont la moitié de suicides.
L’esclavage subi par la communauté noire aux États-Unis explique beaucoup de choses (la violence intra ou extra-communautaire) mais n’explique pas tout. Comme toujours, tout commence et tout finit par l’éducation.