Des centaines d’enfants palestiniens sont victimes chaque année de « mauvais traitement systématique et institutionnalisé » dans le système de détention militaire israélien, affirmait hier l’Unicef (Fonds des Nations unies pour l’enfance) dans un rapport, dénonçant comme unique au monde le jugement généralisé de mineurs par des tribunaux militaires.
La représentante de l’Unicef dans les territoires palestiniens, Jean Gough, a précisé lors d’une conférence de presse à Jérusalem qu’à la fin janvier, « 31 enfants de moins de 16 ans et 233 enfants au total » se trouvaient dans cette situation, soulignant que ces statistiques ne couvraient que la Cisjordanie occupée, sous administration militaire.
« Des enfants ne devraient pas être en prison », a-t-elle rappelé, estimant que « si un enfant devait, pour quelque raison que ce soit, être placé en détention, cela devrait être en conformité avec les normes internationales et la Convention des droits de l’enfant ».
Les mineurs palestiniens de 13 ans ou moins n’encourent des peines qu’allant jusqu’à six mois de prison, mais à partir de 14 ans, ils peuvent être condamnés jusqu’à 10 ans pour jets de pierre, délit pour lequel ils sont généralement poursuivis, voire 20 ans si la cible est un véhicule en mouvement, indique en outre l’Unicef.
« Israël est le seul endroit au monde où un enfant arrêté est systématiquement traduit devant un tribunal militaire. Cela n’existe dans d’autres pays qu’à titre d’exception », a expliqué Jean-Nicolas Beuze, conseiller régional de l’Unicef pour la protection de l’enfance.
Parmi les « mauvais traitements », le rapport mentionne « l’arrestation d’enfants chez eux entre minuit et 05h00 par des soldats lourdement armés, le fait de leur bander les yeux et de leur lier les mains par des attaches en plastique », ainsi que « les aveux forcés, l’absence d’accès à un avocat ou à des membres de la famille pendant l’interrogatoire ».
Le rapport préconise donc une série de mesures, estimant qu’ « appliquer ces recommandations est possible, comme le montre le fait que les autorités israéliennes ont annoncé quelques changements positifs ces deux dernières années ».
Il cite à cet égard le relèvement en 2011 de la majorité légale de 16 à 18 ans pour les Palestiniens de Cisjordanie, qui n’exempte pourtant pas les plus de 13 ans de condamnations aussi lourdes que les adultes, ainsi que deux décisions militaires de 2012 raccourcissant le délai de présentation à un juge.
Israël a pour sa part affirmé avoir collaboré à l’élaboration du rapport et s’est engagé à en « étudier les conclusions pour œuvrer à les appliquer en coopération avec l’Unicef dont nous apprécions et respectons le travail », selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. « L’Unicef a salué les améliorations ces dernières années du traitement des mineurs palestiniens, à la fois en détention et dans les procédures juridiques à l’intérieur du système de justice militaire israélien », relève-t-il également.