Des bougies et des fleurs barrent l’entrée de la mairie de Varna, dans l’est de la Bulgarie. Le 20 février dernier un homme de 36 ans s’y est immolé par le feu. Un geste de désespoir pour protester contre contre la corruption des élites et réclamer la démission du gouvernement. Depuis, d’importantes manifestations se déroulent partout.
Il s’appelait Plamen Goranov, il avait 36 ans. Son suicide survenu dans un contexte d’agitation sociale exceptionnel ont fait un véritable martyr en Bulgarie. "On est dans un mouvement tout à fait exceptionnel en Bulgarie", explique Jean-Michel Dewaele, professeur de Sciences-politiques à l’ULB.
"C’est le mouvement social le plus important depuis plus de 10 ans, la société civile bulgare est en train de se réveiller, elle est en train d’exprimer un désespoir devant une situation sociale qui s’aggrave et devant des élites politiques incapables de résoudre les problèmes quotidiens de la population".
C’est la hausse du prix de l’électricité qui a mis le feu aux poudres. Devant l’ampleur du mouvement, le Premier ministre Boïko Borizov a démissionné. Mais les manifestations se poursuivent partout dans le pays et toutes les forces politiques essaient désespérément de récupérer le mouvement.
Jean-Michel Dewaele estime que l’absence d’alternative est inquiétante : "Parmi les partis politiques démocratiques, il n’y a pas de véritable alternative socio-économique crédible. Il faudra voir donc si les partis encore plus nationalistes, encore plus autoritaires que Borisov, parviennent à percer lors des prochaines élections".
Les Bulgares n’en peuvent de la corruption et de l’austérité. Trois immolations par le feu ont eu lieu dans ce pays depuis le début des protestations.