À la veille du second tour de la présidentielle, Marion Maréchal-Le Pen répond à Sens Commun, qui renvoie dos à dos Marine Le Pen et Emmanuel Macron. La députée de Vaucluse appelle à la mobilisation autour de la candidate du FN, en particulier des catholiques pratiquants.
Approuvez-vous la réaction de Sens Commun, qui ne donne aucune consigne de vote pour le second tour ?
Je trouve Sens Commun de mauvaise foi ! Vouloir mettre sur le même plan de gravité et de nuisance Marine Le Pen et Emmanuel Macron, c’est être dans le pur réflexe partisan. La France en crève depuis 30 ans. C’est dommage de la part d’un jeune courant politique très prometteur. On aurait pu attendre de lui plus de liberté, plus de cohérence et moins de réflexes politiciens.
Mais ils ne se rallient pas à Emmanuel Macron !
Heureusement ! Cela n’aurait pas été de la lâcheté mais une véritable trahison ! Sens Commun devait soutenir un certain nombre de valeurs auprès de leur candidat pendant la campagne. Beaucoup de leurs actions allaient dans le bon sens. À vrai dire, et quand on est honnête intellectuellement, nous sommes obligés de reconnaître que nous partageons 90 % des constats ! Nous ne sommes pas d’accord sur tout évidemment... Je ne vois pas d’incompatibilité majeure entre eux et nous. Nous sommes conscients des risques de la marchandisation de l’humain, et de la nécessité de défendre de notre peuple et notre civilisation.
À en croire un sondage du Pèlerin, les catholiques pratiquants semblent toujours réticents à voter Marine Le Pen…
Je constate qu’il n’y a pas de vote catholique, sinon Jean-Frédéric Poisson aurait fait un bien meilleur score à la primaire de la droite ! Les catholiques votent comme le reste des Français, et non d’abord en fonction de leurs convictions catholiques. Il y a ici un blocage sociologique. Sur l’euthanasie, le mariage homosexuel ou la recherche sur l’embryon, il n’y a « pas photo » entre le programme de Marine Le Pen et celui d’Emmanuel Macron !
Au cours de cette campagne, Jean-Luc Mélenchon a employé un discours patriotique et critique de l’Union européenne. Ne pensez-vous pas qu’il y ait des convergences entre son programme et le vôtre ?
Il y a peut-être une partie du constat qui est partagé, mais les solutions sont radicalement différentes. En écoutant M. Mélenchon, je n’ai pas compris ce qu’il comptait faire concrètement vis-à-vis de l’Union européenne ! On ne sait pas comment il souhaite changer cette Europe, dans quelles modalités, pour en faire quoi… En outre, la souveraineté est le contenant : c’est fondamental, c’est ce qui permet d’agir. Mais il y a aussi le contenu : c’est prioritaire, et le contenant est à son service, c’est la vision de la société. Or, la vision de la société que nous proposons n’a rien à voir avec celle de Jean-Luc Mélenchon, si ce n’est de vouloir une économie protégée, et lutter contre la financiarisation. À part ça, Jean-Luc Mélenchon est le chantre de l’immigration, même s’il a pris quelques précautions à la marge ! Avec lui, c’est le triomphe du laxisme et du multiculturalisme. Et il a manifestement un problème pathologique avec les racines chrétiennes de la France…
Pour autant, comptez-vous sur les électeurs de Jean-Luc Mélenchon pour l’emporter le 7 mai ?
Bien sûr ! Nous nous adresserons à tous les Français, y compris à ses électeurs mais pas en leur disant « Jean-Luc Mélenchon – Marine Le Pen : même combat » ! Nous nous adresserons à eux en restant ce que nous sommes. La lutte contre le libre-échange, la dérégulation, les délocalisations, la concurrence déloyale, les abus des banques : ça, c’est nous ! Ils peuvent trouver satisfaction dans notre doctrine, qui remet l’homme au cœur de l’économie.
Sur les questions anthropologiques, certains à droite rétorquent que la ligne du Front national varie, entre vous et Florian Philippot.
Objectivement, c’est de la mauvaise foi ! Ces gens se donnent des excuses pour ne pas voter pour nous. Ce que je constate, c’est que dans les 144 propositions de Marine Le Pen, il est écrit noir sur blanc qu’elle abrogerait le mariage homosexuel, qu’elle s’opposerait à l’extension de la PMA aux couples de femmes, qu’elle lutterait fermement contre les mères porteuses… Je rappelle que les députés FN ont également lutté contre la dernière loi d’euthanasie (Il s’agit de la loi Claeys-Leonetti, votée en 2016, qui institue un « droit à une sédation profonde et continue », sans être une euthanasie au sens strict, NDLR), qui était une coproduction droite-gauche ! Il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir.
Quels sont les arguments qui devraient pousser à voter en faveur de Marine Le Pen ?
L’un des mérites de ce « ticket » du second tour, c’est qu’enfin le clivage est parfaitement clair. M. Macron fait du progrès un culte : tout le monde aspire au progrès, mais lui s’en sert pour faire table rase et mépriser le passé ! C’est une idéologie dangereuse, c’est celle de Mai 68, qui a tué le père, tué toute autorité, pour créer une société déliée de toute héritage. Emmanuel Macron est le candidat du libéralisme intégral ! Il met les envies individuelles au-dessus du bien commun. Pour lui, la réponse à la destruction du lien social n’est qu’économique, alors que c’est un problème moral. Nous, nous considérons qu’un peuple, c’est un lien moral, avec un socle commun de principes, de valeurs, de codes. À partir de là, le choix qui s’offre aux Français, c’est soit la vision postnationale de l’individu-roi, nomade, interchangeable, dans une société multiculturelle où prospérera l’islam radical, soit la défense du principe national, avec les limites que cela implique, pour la défense du peuple et de son unité. Le choix aujourd’hui est limpide. Je suis convaincue que beaucoup d’électeurs de François Fillon seront beaucoup plus lucides que leurs responsables politiques. Je crois qu’Emmanuel Macron est un danger civilisationnel !
Des rumeurs contradictoires affirment que vous ne seriez pas candidate aux législatives dans votre circonscription de Vaucluse. Qu’en dites-vous ?
Je me représenterai ! J’ai déclaré qu’un jour, j’arrêterais la politique. J’aspire vraiment à faire une expérience dans le privé, mais je souhaite choisir le moment opportun, pour ne pas nuire au combat national, ni à ma famille politique. Pour le moment, je me représente.