Fragilisée par un débat d’entre-deux tours et les divisions internes de son parti, Marine Le Pen a voulu rassurer ses militants, ceux qui « espèrent un changement vital ».
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Après le terrorisme, Marine Le Pen a encore longuement dénoncé la crise migratoire, avec ses « images de submersion de l’Europe ». Pour elle, les migrants ne sont que les « victimes de la bonne conscience de nos élites », « du laxisme » des dirigeants. Elle a pointé « Mme Merkel, Mr Macron et avant lui Mr Hollande et avant lui Mr Sarkozy ». « Ils sont coupables des noyades en Méditerranée » a accusé la présidente du FN. « Je le dis : ceux qui organisent la submersion commettent un crime contre la France, un crime contre l’Europe, un crime contre notre civilisation française. »
Ce recentrage musclé de la parole frontiste vers ses thèmes historiques de prédilection, apparaît comme un signal. Le discours de Brachay 2017, où elle n’a pas parlé « d’euro », ni même de « souveraineté monétaire » indique un changement d’approche. Certains cadres, présents sur place, se sont félicités de ce « retour aux fondamentaux » quand d’autres, comme Sophie Montel, semblaient moins enthousiastes.
Samedi, la présidente frontiste avait d’autres cibles. Les Républicains ? « Ils n’ont rien à proposer que du sous-Sarkozy ». Laurent Wauquiez ? « Il droitise son discours pour prendre LR, demain il le recentrera pour le conserver ». La droite et la gauche ? « L’écroulement d’un édifice vermoulu ». La réforme territoriale ? « La disparition de notre démocratie de proximité ». Macron ? « Une entreprise de déconstruction ». La loi travail ? « Une révolution » impliquant des « salariés jetables ».
Aujourd’hui, le système politique est divisé en trois pôles, selon elle : l’extrême gauche, le macronisme et le Front national. Le premier serait « dominé par les islamo-trotskystes de la France insoumise », « une bouillie idéologique entre Nuit debout et la révolution bolivarienne », « un groupe d’agités ». En Marche constituerait le second pôle, un « mouvement bobo » ayant une « vision ultralibérale de l’économie ».
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Tournée vers ce « beau projet », qui sera la priorité des frontistes jusqu’au congrès de Lille dans six mois, la présidente a invité ses soutiens et « tous les Français » à l’accompagner, au nom d’une « vision panoramique » de la France, dont elle attribue l’exclusivité à son parti. Elle a tendu la main aux « Français orphelins » de « la droite des valeurs » et de « la gauche patriote ».