Marine Le Pen ne pourra pas intervenir sur Radio J. La radio de la communauté juive a annoncé ce mercredi l’annulation de l’interview de la présidente du FN dans l’emission "Forum". Son invitation dans le rendez-vous politique dominical de la station avait suscité beaucoup de remous dans la communauté juive.
L’invitation de la leader frontiste était une première pour cette station qui n’avait jamais voulu inviter son père et prédécesseur à la tête du parti. Mais c’était sans compter sur l’indignation des associations juives : l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) a notamment affirmé que le FN restait « structurellement antisémite, raciste et hors du champ républicain ».
Le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA) a de son côté affirmé que le FN « n’a pas montré qu’il était un parti républicain ». En réponse, le FN a indiqué qu’il allait porter plainte pour injures ou diffamation à l’encontre des deux organisations.
Le président du Crif, Richard Prasquier, a également dénoncé mercredi cette invitation comme « un symbole inacceptable », refusant d’accorder un « brevet de respectabilité » à la présidente du Front national. Le secrétaire général adjoint du MoDem, Christophe Madrolle (MoDem), petit-fils de déporté, a lui demandé mercredi à Radio J de renoncer à cette invitation, estimant qu’il s’agissait d’ « un jeu dangereux ».
Impossibilité d’assurer l’interview « dans de bonnes conditions »
Au final, Frédéric Haziza, le journaliste responsable du "Forum", a justifié à l’AFP la décision d’annuler par « l’impossibilité d’assurer l’interview dans de bonnes conditions ». Haziza avait mis en avant les propos de Marine Le Pen sur la Shoah, estimant qu’ils remettaient en cause l’héritage négationniste du FN et de son père. Elle avait affirmé début février dans Le Point que ce qui s’était « passé » dans les camps nazis « est le summum de la barbarie ».
Marine Le Pen a immédiatement fustigé des « comportements fascistes » que traduisent les « attaques antirépublicaines et antidémocratiques de certaines associations ». La nouvelle présidente du FN a dit à l’AFP que « cette annulation fait suite à des menaces de mort reçue par Radio J, ce qui démontre que la démocratie française n’a pas beaucoup de leçons à donner à d’autres pays dans le monde ».