Des dizaines de milliers personnes ont manifesté dimanche dans plusieurs villes du Brésil contre la présidente Dilma Rousseff. La cheffe de l’État est la cible d’une grogne croissante en raison de la crise économique et du vaste scandale de corruption Petrobras.
Les cortèges rassemblaient notamment 20 000 personnes à Brasilia, 15 000 à Rio de Janeiro et 4 000 à Salvador de Bahia (nord-est), selon des estimations de la police militaire. Une autre manifestation, faisant figure de test, devait débuter à la mi-journée à Sao Paulo, capitale économique du pays et fief de l’opposition.
Vêtus de jaune ou vert, couleurs du drapeau brésilien, de nombreux participants réclamaient la destitution de Mme Rousseff, réélue fin 2014 pour un second mandat de quatre ans au terme d’une campagne rugueuse. Certains, moins nombreux, demandaient même une intervention militaire pour mettre fin à douze ans de pouvoir du Parti des travailleurs (PT, gauche).
À Rio, Rita Souza, une productrice de télévision de 50 ans, arborait une pancarte proclamant : "Intervention militaire maintenant". "Je ne demande pas un coup d’État, mais une intervention constitutionnelle pour appeler à de nouvelles élections propres, sans urnes électroniques, sans manipulation du PT. Qu’ils s’en aillent tous à Cuba", a-t-elle expliqué à l’AFP.
Ces manifestations se déroulaient deux jours après celles organisées pour défendre la présidente, le groupe pétrolier public Petrobras et la démocratie brésilienne, à l’appel de syndicats et mouvements sociaux proches du PT. Les cortèges avaient réuni 148 000 personnes selon les organisateurs, 32 000 selon la police.
Situation difficile
Mme Rousseff est confrontée à une situation complexe sur plusieurs fronts : l’économie est au bord de la récession alors que l’inflation continue de grimper, que les déficits publics se creusent et que la monnaie nationale, le réal, a perdu 30% de sa valeur en un an face au dollar. Contrairement à ses engagements électoraux, la présidente s’est résolue à mettre en place un ajustement budgétaire douloureux, et critiqué par une partie de son propre camp politique.
À ce contexte s’ajoute la tension politique générée par le scandale de corruption qui ébranle Petrobras. La justice soupçonne des dizaines de politiciens appartenant majoritairement à la coalition au pouvoir, dont 22 députés, treize sénateurs et deux gouverneurs, d’avoir perçu des pots-de-vin de la compagnie pétrolière.