À l’appel de nationalistes polonais, une importante manifestation s’est tenue le 11 mai à Varsovie contre une loi américaine de 2018 dont le but est de faciliter la restitution de biens juifs tombés en déshérence après l’Holocauste.
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté le 11 mai à Varsovie à l’appel des nationalistes sous le mot d’ordre « Stop 447 » contre la loi américaine portant ce numéro. Une loi votée en 2018 qui vise à appuyer la restitution de biens juifs en déshérence après l’Holocauste.
« Non aux revendications » et « Honte », ont clamé les manifestants, au nombre d’environ 4 000 selon une journaliste de l’AFP. Ils brandissaient des drapeaux européens tout en arborant des chemisettes ornées de symboles nationaux. Ils se sont rassemblés devant le bureau du Premier ministre et ont terminé leur marche devant l’ambassade américaine. Tant les conservateurs au pouvoir en Pologne que l’opposition centriste et libérale ont minimisé l’importance de cette loi, signée par Donald Trump en mai 2018 et baptisée JUST (Justice for Uncompensated Survivors Today). Ils ont assuré qu’elle n’aurait aucun effet en Pologne.
Sauf qu’à l’approche des élections européennes, une alliance ad hoc de plusieurs partis et groupuscules nationalistes ainsi que d’un syndicat paysan ont lancé une importante campagne de propagande à ce sujet. L’un de ses animateurs, Robert Bakiewicz, figure du Camp National-Radical (ONR) a réaffirmé, lors de la marche, la thèse selon laquelle « cette loi est une menace pour la Pologne et pour sa sécurité, puisque les organisations juives lui réclament trois cents milliards de dollars [267 milliards d’euros] ».
« [La loi 447] stipule que le président des États-Unis doit appuyer des revendications qui sont illégales, car en vertu des principes de notre civilisation les biens en déshérence appartiennent au Trésor public », a déclaré un autre orateur, Marek Wawrzyszko, venu de Cracovie.
« On nous taxe d’agents russes, mais cette loi est un cadeau à Vladimir Poutine », a-t-il ajouté, prédisant qu’elle aura un effet néfaste sur les relations polono-américaines.
Le syndicat paysan AGROunia qui s’est joint à cette marche a soutenu de son côté que les agriculteurs craignaient d’éventuelles revendications concernant leurs terres. Le mouvement anti-système Kukiz’15, qui compte actuellement 26 députés au parlement polonais, ainsi qu’une coalition nationaliste créée en vue des élections au Parlement européen, ont préparé chacun un projet de loi déclarant officiellement que la Pologne refusera la restitution des biens en déshérence.