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Je rajoute, concernant la fausse dualité entre l’Amérique dite "progressiste" et l’Amérique dite "conservatrice", que dès lors que l’intérêt national, et en particulier économique, est en jeu, ou qu’il est question d’envahir un pays, y compris en violation caractérisée du "droit international", la population américaine se retrouve dans son écrasante majorité derrière le pouvoir et soutient la politique d’ingérence justifiée par le droit du plus fort. En 2003, tous les Américains communiaient à travers la figure mythique du cowboy sûr de sa force et prenant l’initiative de "botter le cul de Saddam".
De plus, tous les gens qui ont passé un peu de temps aux Etats-Unis et voyagé à l’intérieur du pays vous expliqueront la même chose : à savoir que le pays est culturellement et politiquement homogène au-delà des oppositions qui semblent le traverser d’est en ouest. En réalité, la contradiction dialectique entre le progressisme contestataire (de tradition luthérienne) et le conservatisme moral (d’inspiration calviniste) se résout d’elle-même quand on l’analyse non plus dans le cadre restreint d’une opposition mais plutôt en termes d’interaction antithétique ou de succession dynamiques de "phases" qui permettent à l’Amérique de se transformer sans jamais renier ses fondamentaux.
C’est la raison pour laquelle on retrouve à la fois des intérêts américano-sionistes dans le camp progressiste et dans le camp conservateur. Le fait qu’une ONG américaine soutienne la "manif pour tous" ne doit pas prêter à confusion ni précipiter de mauvaises alliances. Il ne faut pas se situer dans l’un ou l’autre camp, mais rejeter tout le paradigme.
Quand le conservatisme entraîne le pays dans la sclérose culturelle et économique, l’Amérique libertaire vient le réveiller à coups de pied au cul. La génération "contestataire" des années 60 est caractéristique du processus. Tous les agitateurs hippies et maoïstes ont fini dans les rangs des croisés conservateurs sionistes. Les libertaires qui ont profondément altéré le champ culturel durant les années 60-70 sont devenus les papes du post-capitalisme et les apôtres du consumérisme individualiste contemporain ("think different")
Même chose pour les guerres - ou le porno. Les phases douloureuses de "remise en question" justifient paradoxalement la répétition des massacres impérialistes, tandis que le libertarisme ambiant et la bigoterie religieuse, très loin de s’opposer, ne font que s’exacerber mutuellement...
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