Un attentat-suicide à la voiture piégée a secoué mardi soir à Kidal, ville de l’extrême nord-est du Mali où sont présentes des troupes françaises, selon plusieurs sources concordantes dont une source hospitalière qui a affirmé avoir compté sept morts, dont le kamikaze.
Un véhicule piégé a explosé à 19H30 (locales et GMT). L’attentat-suicide a été perpétré contre le check-point de la partie est de Kidal, tenu par le MNLA, le Mouvement national de libération de l’Azawad (rébellion touareg), a déclaré une source militaire jointe depuis Gao (environ 350 km au sud de Kidal).
C’était un kamikaze en pick-up. L’attaque ne visait pas directement les Français, parce que l’attaque était dirigée vers l’extérieur (de la ville) et non vers l’aéroport tenu par les Français, a indiqué la même source, sans fournir de bilan.
Les forces françaises avaient repris fin janvier le contrôle de l’aéroport de Kidal, ancien bastion islamiste, et quelque 1 800 soldats tchadiens sont arrivés depuis pour sécuriser la ville où étaient déjà présents des islamistes armés et le MNLA, qui affirment collaborer avec les Français dans la traque des jihadistes en cours depuis janvier au Mali.
Jointe depuis Bamako, une source hospitalière a déclaré à l’AFP : Lors de l’attentat à la voiture piégée de mardi soir à Kidal, nous avons compté sept morts et onze blessés. Le kamikaze est mort ainsi que six combattants.
L’attentat a aussi été annoncé à l’AFP par le chef du Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), le groupe armé présent dans la ville avec le MNLA, ainsi que par un responsable du gouvernorat, tous deux joints au téléphone depuis Bamako.
Une explosion à une barrière militaire tenue à Kidal par le MIA a fait quatre à six morts dans nos rangs, a déclaré Alghabass Ag Intalla, chef de ce groupe qui se dit islamiste modéré et est une scission d’Ansar Dine.
Il s’agissait d’un véhicule piégé qui a explosé sur une des positions du MIA à la sortie de Kidal. (...) Ce sont les kamikazes qui ont fait le coup. Ils sont contre nous, contre les Français, a-t-il dit.
Selon le responsable du gouvernorat de Kidal, l’explosion de la voiture piégée s’est déroulée au sud de Kidal, vers la route qui conduit à Ménaka.
Il y a eu au moins quatre morts. (...) La voiture piégée est venue de l’intérieur de la ville de Kidal. Ca fait peur. On ne sait pas si d’autres voitures piégées s’y trouvent, a-t-il ajouté.
Dans un premier temps, une source militaire française jointe depuis Gao avait parlé à l’AFP d’une explosion due à une destruction de munitions.
La ville de Kidal, à 1 500 km au nord-est de Bamako, est la capitale de la région du même nom abritant le massif des Ifoghas où sont retranchés des combattants islamistes puissamment armés liés à Al-Qaïda, que les soldats français et tchadiens traquent depuis plusieurs semaines dans des opérations aériennes et terrestres.
La semaine dernière, des combats entre soldats tchadiens et jihadistes ont fait 116 morts, selon l’état-major tchadien : 23 parmi les militaires tchadiens, et 93 dans le camp des islamistes armés. Il s’agit des pertes connues les plus lourdes subies par les forces soutenant le Mali.
Le 21 février, le camp militaire français a été visé par une attaque d’un kamikaze à bord d’un véhicule qui a explosé près du site. Le conducteur a été tué sur le coup, selon des sources concordantes.
Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), un des groupes armés dont les hommes sont traqués, a revendiqué cette attaque et annoncé d’autres attentats-suicide au Mali, sans plus de détails.
Le Mujao a aussi affirmé être derrière un attentat commis le 22 février à l’aide de deux voitures piégées à Tessalit (environ 170 km au nord de Kidal), proche de la frontière algérienne, contre des rebelles touareg du MNLA. Selon des sources concordantes, il y a eu au moins cinq morts, dont les deux kamikazes.
Mardi, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian que les combats, violents, se poursuivaient dans le massif des Ifoghas, avec beaucoup de pertes dans les rangs des islamistes armés. Il y a des morts tous les jours mais les forces françaises font très peu de prisonniers, a dit M. Le Drian.