Le directeur-général de Gazprom Alexeï Miller a annoncé ce 10 septembre au matin que la construction du gazoduc russo-allemand Nord Stream 2 était « entièrement achevée ». Ce projet de 11 milliards de dollars doit permettre à l’entreprise russe de doubler sa capacité d’exportation de gaz vers l’Europe en passant par la mer Baltique. Un chantier stratégique longtemps retardé par des menaces de sanctions américaines et des tensions géopolitiques, et dont l’aboutissement pourrait bien rebattre les cartes.
« Nous avons tous intérêt à ce qu’au plus vite » l’Allemagne donne l’autorisation pour le lancement des livraisons de gaz, a dit Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe lors d’un briefing téléphonique avec des journalistes.
Menaces en série
Ce nouveau gazoduc pourra transporter 55 milliards de mètres cubes de gaz par an, suffisamment pour approvisionner 26 millions de foyers, selon l’opérateur de Nord Stream 2.
Mais le projet, qui représente une avancée géostratégique majeure pour Moscou, déplaît fortement à Washington, qui dit redouter l’augmentation de la dépendance de l’Europe vis-à-vis des importations énergétiques russes. L’administration Biden avait d’ailleurs menacé de sanctions « toute entité impliquée dans le pipeline Nord Stream 2 »... avant de s’avouer vaincue face à l’avancée inexorable du projet.
Nord Stream 2 permettra également à la Russie de ne plus être obligée de faire transiter par l’Ukraine 40 % de son gaz vers l’Europe, ce qui privera Kiev de 1,3 milliard d’euros de frais de transit que lui verse chaque année Gazprom. Ce qui avait poussé le président ukrainien Volodymyr Zelensky à affirmer, lors de la visite la chancelière allemande Angela Merkel le 22 août, que Nord Stream 2 était « une dangereuse arme géopolitique du Kremlin ». Ce 10 septembre le porte-parole de la présidence ukrainienne a ainsi ajouté que « l’Ukraine allait se battre contre ce projet politique russe jusqu’à son achèvement. »
Un projet qui rebat les cartes énergétiques
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La fin de l’hostilité politique au profit de l’économie ?
Reste à voir si tous les adversaires politiques de ce projet se rangeront derrière la bannière de la coopération économique.
Si l’administration Biden a adouci son ton, à Washington, on continue de réfléchir à de possibles moyens de pression envers la Russie autour de ce projet. « Si nous ne pouvons pas arrêter le pipeline, comment en tirer le meilleur parti une fois qu’il est terminé ? », résumait ainsi un « haut responsable » américain cité par Reuters en mars 2021.
Quelques jours plus tôt, c’est Wolfgang Ischinger, ancien ambassadeur d’Allemagne aux États-Unis et actuel président de la Conférence de Munich, qui avançait ses pistes dans le Spiegel pour tenter de résoudre le « casse-tête Nord Stream 2 ».
Il proposait que l’oléoduc, une fois achevé, soit utilisé comme levier politique avec la mise en place d’un « mécanisme de freinage d’urgence avec la participation de l’UE qui pourrait être activé pour arrêter les flux du gazoduc si la Russie, par exemple, violait l’accord concernant l’utilisation continue de l’infrastructure ukrainienne de transit de gaz ». Il proposait aussi la création d’un « Paquet énergie euro-atlantique » qui prévoirait notamment un soutien accru à l’Ukraine dans « sa quête d’intégrité territoriale et de développement économique ».
Preuve que les opposants au projet russo-allemand n’ont sans doute pas dit leur dernier mot dans ce dossier...
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