Les commentaires et les « bios » consacrées aux membres du gouvernement m’ont laissé un peu sur ma faim… Et puis surtout, il manquait ce petit « je ne sais quoi », comme par exemple le dénominateur commun reliant les différents personnages, les médias se questionnant sur « comment vont-ils fonctionner ensemble », tant leur parcours et leurs personnalités semblent hétérogène (Nicolas Hulot faisant figure de véritable OVNI politique).
Alors éliminons tout de suite le dénominateur « ENA » : même s’ils sont sur-représentés dans le nouveau gouvernement cela ne nous apprend rien sur la véritable teneur de sa ligne politique qui sous-tendra les législatives et le futur quinquennat.
Des énarques il en existe de tous les bords – mais on les retrouve rarement aux extrêmes, à part Florian Philippot, et encore moins comme souverainistes, à part François Asselineau – et ils sont tous sauf rare exception compatibles avec une ligne centriste, ou sociale démocrate, on l’observe depuis des décennies.
Ils se retrouvent parfois en pleine lumière (Giscard, Chirac, Juppé, Sapin, Hollande), le plus souvent dans l’ombre des ministres en exercice, comme « techniciens » de la machinerie du pouvoir, ou comme éminences grises (depuis les coulisses de Matignon, de Bercy, de la Banque de France ou de grandes institutions financières de type BNP-Paribas, Société Générale, banques mutualistes…pour l’élite de l’Inspection des Finances).
Donc l’énarque est consubstantiel au pouvoir sous la 5ème république et les finances sont leur domaine réservé (la tradition est respectée avec Bruno Lemaire et son adjoint à Bercy Gerald Darmanin, tous deux en rupture des Républicains)… Le « message » se situe donc ailleurs.
Énarques ou pas, les 22 ministres et secrétaires d’état sont jugés plutôt compétents, même ceux qui passent pour des fidèles de la première heure (Gérard Colomb, Christophe Castaner, Richard Ferrand), les impétrants ne semblent pas sortir d’une liste à la Prévert qui agrégerait des individus en regard de leurs apports électoraux respectifs : tous sont jugés assez légitimes à leur poste.
Mais il y bien une caractéristique qui émerge plus que dans tout autre gouvernement ayant précédé, c’est que tous les nouveaux ministres, sans exception, sont profondément pro-européens.