L’extension soudaine de la menace due au coronavirus a donné l’occasion au gouvernement chinois de montrer la puissance nouvelle de la Chine, et il ne l’a pas manquée. Le risque d’une pandémie mondiale s’est transformé en vitrine de la nouvelle puissance chinoise. L’hyperpuissance chinoise, c’est-à-dire la stratégie conjointe économie-image, est là.
On appelle ça du soft power, c’est la méthode par laquelle un pays communique sur ses réussites en cachant ses échecs – ou au contraire en les mettant en avant avec assurance ou avec l’assurance de les maîtriser – et se donne une image positive.
Les Américains, malgré le nombre impressionnant de leurs prédations et destructions à travers le monde depuis un bon siècle, sans compter la shoah des Indiens, en sont devenus les spécialistes, et on comprend pourquoi. C’est Hollywood en particulier et leur puissance culturelle globale (le jazz, le rock, l’american way of life) qui ont changé l’image d’un impérialisme meurtrier en bienveillance paternaliste universelle démocratique. On applaudit le tour de force.
Inversement, les Soviétiques puis les Russes luttent contre une image négative véhiculée par les pays capitalistes depuis un siècle (la terreur d’un autre 1917), et on comprend pourquoi. Pourtant, ce sont bien les Russes qui ont détruit le racialisme nazi en Europe, sauvant les nations occidentales d’un danger plus grave.
La Chine a changé de stratégie sous Deng Xiaoping en 1979, après d’incroyables et tragiques erreurs (le Grand Bond en avant puis la Révolution culturelle). Elle a d’abord procédé à ses quatre modernisations (agriculture, industrie, sciences et défense), la « cinquième », celle de la démocratie, demandée par les étudiants, n’aura pas lieu à cause de Tian’anmen.
Puis, après d’incroyables efforts, elle a réussi à se hisser à nouveau parmi les grandes nations. Et après son accueil dans le concert de l’économie mondiale ouverte en 2001 (OMC), sa croissance, basée sur un talent et une énergie indéniables, dépasse l’entendement dans un monde en crise, en stagnation ou en recul productif.
Souvenons-nous : le grand tremblement de terre de Tangshan du 28 juillet 1976 (250 000 morts officiellement, 750 000 officieusement) a laissé les autorités de l’époque impuissantes. Par fierté souverainiste les dirigeants refuseront toute aide internationale assimilée à une nouvelle ingérence, cette ingérence des puissances occidentales qui aura tant fait de mal à la Chine pendant un siècle – le siècle de l’humiliation (1842-1949) – et qui a provoqué la révolution nationaliste de Tchang Kaï-chek puis la révolution communiste nationale de Mao Zedong.
Voilà pour le contexte. La Chine apprenant vite, très vite, elle a rejoint puis dépassé nombre de pays occidentaux en matière économique et, aujourd’hui, elle s’attaque à son image. Le virus ne pouvait pas mieux tomber : alors que les Américains s’appliquent à démolir l’image de la Chine et des Chinois, ce nouveau danger rouge, la bande à Xi Jinping a pris le parti de ne pas cacher l’épidémie et même d’en profiter pour en faire le vecteur de la nouvelle réussite chinoise.
China's Wuhan will build a second #SARS treatment-model makeshift hospital and put it into use in half a month. #pneumonia #coronavirus pic.twitter.com/RyouzLcc4N
— China Xinhua News (@XHNews) January 25, 2020
Une réussite en matière de lutte contre les grands fléaux, de réactivité (comme cette annonce d’un hôpital de 1000 lits construit en un mois), de sens de ses responsabilités (la Chine protège le monde), son honnêteté malgré la tourmente (la communication de chiffres précis), de sérieux scientifique (les images de chercheurs en tenue NBC), de journalisme ouvert (l’agence chinoise publie chaque jour les « avancées » du virus et de la lutte contre le virus), d’humanité, bref, le coronavirus est devenu l’allié de Xi, l’homme qui veut hisser la Chine au premier rang mondial toutes catégories confondues d’ici 2049.
Voyage en images dans la Chine de la 5e modernisation : la communication
Les commentaires sous les photos sont de La Rédaction.
- Vos dirigeants sont sur la brèche
- Nous mettons notre talent productif au service de la protection des populations
- Nous sommes sérieux
- Nous sommes en pointe dans la recherche contre ce virus
- Nous prenons soins de nos malades avec toute la technologie moderne
- Nous ne laissons rien passer
- Nos compatriotes nous font confiance, ils ne vivent pas dans la psychose
- Nous sommes l’armée du Bien contre le mal qui menace l’humanité
- Nous sommes un peuple solidaire, déterminé et fier
- Dans notre regard vous pouvez lire le courage
- Nous vaincrons !
L’armée, gage de sécurité, est envoyée dans le Wuhan, siège de l’épidémie :
Three teams of military medics are flown in to help fight the novel #coronavirus outbreak in Wuhan. #pneumonia pic.twitter.com/9YGfwA6A9S
— China Xinhua News (@XHNews) January 26, 2020
La propagation du virus ne peut terrasser le besoin de tradition national :
Hundreds of people gather in Havana’s Chinatown for the neighborhood’s famed #ChineseNewYear celebrations, as a number of cultural activities are available for general public to enjoy pic.twitter.com/Tqb85kCIS3
— China Xinhua News (@XHNews) January 26, 2020
La Chine aime les animaux, ils sont nourris et choyés (et pas mangés ni torturés) :
Watch how this marmot enjoys his food pic.twitter.com/TOiw9RjEjp
— China Xinhua News (@XHNews) January 26, 2020
Les désagréments actuels ne doivent pas faire oublier la conquête spatiale – ici un observatoire tibétain –, la prochaine modernisation, la sixième, qui fait rêver tout un peuple qui regarde vers le ciel :
A terrific timelapse in Tibet ! Footage taken at Ali observatory in China's Tibet Autonomous Region shows the impressive appearance of Milky Way passing through the clear skies pic.twitter.com/8ny6Q4HY0O
— China Xinhua News (@XHNews) January 27, 2020
La Chine, c’est l’industrie, mais c’est aussi un artisanat multimillénaire, il n’y a pas d’avenir sans racines fortes :
Amazing techniques of #pottery making in Rongchang in China's Chongqing #ceramics pic.twitter.com/bGVLCugYzC
— China Xinhua News (@XHNews) January 27, 2020
Les 2700 cas et les 80 morts recensés ont encore renforcé la volonté des autorités de prendre l’épidémie à bas-le-corps :
2,744 cases of pneumonia caused by the novel coronavirus have been confirmed in China. The government has been taking a series of measures to further curb the spread of the epidemic pic.twitter.com/RyFbzg62zM
— China Xinhua News (@XHNews) January 27, 2020
En moins de 50 ans, la Chine est sortie du tiers-monde. Elle est maintenant prête pour devenir l’avant-garde du monde, comme ces jeunesses chinoises qui suivaient Mao aveuglément dans les années 50 avec une confiance inébranlable dans l’avenir. L’Occident sera-t-il le nouveau tiers-monde ?