Le cours de l’or a perdu jusqu’à près de 10% supplémentaires lundi pour tomber sous 1 440 dollars l’once, son plus bas niveau depuis plus de deux ans, et se dirigeait vers sa plus forte baisse sur deux séances depuis février 1983, les investisseurs réduisant massivement leur exposition à ce marché.
Le prix du métal jaune a chuté de près de 13% en deux jours, victime de l’annonce de la vente d’une partie du stock d’or de Chypre, qui pourrait donner des idées à d’autres pays en mal de ressources budgétaires.
Des acteurs du marché expliquent aussi cette dégringolade par la perspective de voir la Réserve fédérale américaine infléchir d’ici la fin de l’année sa politique monétaire en réduisant ses injections de liquidités sur les marchés, qui ont constitué ces derniers mois l’un des moteurs de la hausse.
"On ne peut pas se mettre en travers de la voie face à un train à vapeur : le marché doit aller jusqu’au bout de sa course", explique Max Schubert, responsable des matières premières d’Emirates NBD Bank à Dubaï.
De son côté, Ole Hansen, gérant senior de Saxo Bank, évoque une accélération des liquidations de positions longues (les prises de positions qui misent sur une hausse des cours) de la part des investisseurs dans les ETF (exchange-traded funds) et des ventes à découvert de fonds spéculatifs.
L’annonce lundi d’une croissance moins soutenue qu’attendu en Chine au premier trimestre a fourni aux investisseurs un motif supplémentaire de réduire leur exposition au marché des matières premières.
Le pétrole et le cuivre, par exemple, étaient eux aussi orientés en nette baisse.
L’or sur le marché "spot" est tombé à un plus bas de 1 336,04 dollars l’once avant de se reprendre légèrement ; vers 21h20 GMT, il se traitait à 1 352,75 dollars, en repli de près de 8,54% par rapport à vendredi soir.
Les autres métaux précieux étaient eux aussi affectés par d’importants mouvements de vente : l’argent est revenu à son plus bas niveau depuis octobre 2010, le platine au plus bas depuis août dernier et le palladium à un plus bas de trois mois.
La baisse des cours de l’or s’est amorcée il y a près de trois semaines, et malgré son statut de valeur refuge, ni la montée de la tension dans la péninsule coréenne, ni le virage de la politique monétaire de la Banque du Japon n’ont pu inverser le mouvement.
L’annonce de la volonté de Chypre de vendre pour 400 millions d’euros de métal jaune issu des réserves de sa banque centrale a amplifié le mouvement la semaine dernière.
"Les investisseurs craignent que Chypre établisse un précédent et que d’autres banques centrales lui emboîtent le pas et c’est un facteur de baisse parce que les achats des banques centrales ont été l’un des moteurs de la hausse de l’or ces dernières années", explique Ole Hansen.
Le débat de plus en plus animé sur l’évolution de la politique de la Fed n’arrange rien.
"On assiste désormais à des ventes panique, qui s’expliquent peut-être par les spéculations sur le soutien de la Fed. La Fed a laissé entendre qu’il était possible qu’elle réduise le QE (l’assouplissement quantitatif) et cela a entamé la confiance placée dans l’or", dit Dominic Schnider, analyste d’UBS Wealth Management.