Une proposition de loi vient de tomber, portée par le député Renaissance Mathieu Lefèvre, président du groupe d’amitié France-Israël, et auteur d’une « Lettre à un ami israélien » qui fera date en matière de désinformation [1]. Il semble prêter son nom à une inspiratrice qui n’est autre que Caroline Yadan, député Renaissance du IIIe arrondissement parisien, qui elle est une militante farouchement pro-israélienne. Avant ce changement de porteur, c’est bien Yadan qui a voulu durcir la loi en novembre 2023.
Le 11 octobre 2023, CNews poste une vidéo, pudiquement intitulée « Une élue se rend en Israël pour apporter son soutien ». Il s’agit toujours de Caroline Yadan, une avocate théoriquement spécialisée dans les droits des femmes. On voit que selon les circonstances, son rayon d’action dépasse sa fonction.
« Cela concerne tout le monde, les députés qui viennent ne sont pas juifs. Je suis juive mais ce n’est pas du tout ça qui compte. En fait, ce qui compte, c’est le fait qu’on appartienne tous à l’humanité et qu’on dise très clairement qu’il s’agit aujourd’hui du combat de la civilisation face à la barbarie, face à la sauvagerie et face au terrorisme... »
Le 12 novembre 2023, en pleine campagne de bombardement israélienne sur les civils de Gaza, Yadan, qui regrette l’absence du Président à la manifestation contre l’antisémitisme, donne ses ordres aux Français :
« Je crois vraiment qu’il s’agit d’une manifestation en l’espèce d’abord et avant tout citoyenne, c’est-à-dire que les Français qui sont outrés par ce qui est en train de se passer en terme de résurgence de la bête immonde, eh bien doivent dire qu’ils ne l’acceptent pas, et ce sont tous les Français qui doivent descendre dans la rue, y compris pour bien sûr la libération des otages... »
Dans le texte de loi, on retrouve ces éléments de langage troublants, un véritable parti pris pour le camp israélien :
L’année 2023 présente un caractère exceptionnel dramatique. Les attentats barbares perpétrés par le groupe terroriste du Hamas contre la population de l’État d’Israël et la légitime réponse militaire qui a suivi ont vu s’adjoindre au drame terrible qu’ils représentaient déjà une importation regrettable de ce conflit sur notre sol.
Ce long texte, qui « vise à renforcer la réponse pénale contre les infractions à caractère raciste ou antisémite », et que vous pouvez consulter ici, ne contient pas moins de 9 fois le nom « Soral » ! Il prévoit de durcir la réponse pénale à la liberté d’expression, qui dépendait autrefois de la fameuse loi sur la liberté de la presse, loi qui avait permis à Alain Soral de ne pas être incarcéré en France.
Tout le monde a bien compris la manœuvre : sous prétexte d’antisémitisme ou d’antisionisme, ce sont les analyses tranchantes du président d’Égalité & Réconciliation qui sont visées. De plus, dans une période où le monde entier s’émeut des souffrances infligées aux civils palestiniens, innocents dans leur écrasante majorité, il est bon de faire taire toute critique de la politique génocidaire israélienne, sous prétexte d’antisionisme ou d’antisémitisme !
La ficelle est grosse, mais rien n’est assez gros pour la Macronie, qui continue à dérouler le programme du pouvoir profond, pour lequel la liberté d’expression est une menace constante.
Ainsi, nous retrouvons la genèse de la loi Gayssot, ce communiste qui avait prêté son nom à une loi qui aurait dû s’appeler loi Badinter. Cette loi dite mémorielle, qui condamne les actes racistes, antisémites ou xénophobes, a ouvert la porte à la réduction progressive et programmée de la liberté d’expression. À l’époque, en 1990, les historiens sérieux s’y étaient opposés avec raison et fermeté.
Ainsi, la lutte contre l’antisémitisme ou l’antisionisme – ce glissement – est-elle en train de devenir grande cause nationale, comme le cancer sous Chirac ou les violences faites aux femmes sous Macron Ier. Pourtant, des grandes causes nationales plus urgentes, il y en avait, et sans agression fabriquée ni inversion accusatoire : le chômage ultralibéral, l’inflation à deux chiffres, l’insécurité structurelle, la santé déplorable, l’immigration sauvage...
De vraies agressions, pour le coup, qui visent toute une nation, et pas seulement une communauté qui, sous prétexte de se défendre, en profite pour imposer ses propres lois.
Extrait de la proposition de loi très anti-Soral
Plus de cinquante ans après la loi Pleven, plus de trente ans après la loi Gayssot, plus de sept ans après la loi « Égalité et citoyenneté », des adaptations apparaissent encore nécessaires pour que les auteurs de propos racistes, antisémites, négationnistes ou autres propos discriminatoires soient plus directement et sévèrement sanctionnés.
Tandis que, chaque année, 1,2 million de victimes subissent une discrimination ou une atteinte à caractère raciste ou antisémite, ce texte se propose d’apporter deux réponses pragmatiques, concrètes et fermes.
D’abord, des prédicateurs de haine, multirécidivistes, peuvent aujourd’hui se tapir dans l’ombre et échapper à la justice qui les a pourtant condamnés, car aucun mandat d’arrêt ne peut être actuellement délivré par le tribunal correctionnel si la personne est reconnue coupable d’un délit de presse. Le 15 avril 2019, la 13ème chambre du tribunal correctionnel de Paris condamnait ainsi l’essayiste Alain Soral à un an d’emprisonnement, assorti d’un mandat d’arrêt, pour contestation de crime contre l’humanité. Le parquet interjeta logiquement appel de ce mandat dépourvu de fondement juridique. L’odieux Soral, condamné à de multiples reprises pour des faits similaires, ne dort toujours pas en prison et continue de déverser sa haine aussi insupportable que lucrative.
La présente proposition de loi entend donc premièrement mettre fin à ce dévoiement des principes de la liberté d’expression. Elle souhaite permettre désormais au tribunal correctionnel de délivrer un mandat d’arrêt ou de dépôt contre un prévenu condamné à une peine d’emprisonnement pour apologie de crimes ou contestation de crimes contre l’humanité.
Le Figaro dit Mathieu Lefèvre confiant sur l’adoption de ce texte liberticide : « Les deux partis républicains d’opposition, le Parti socialiste et Les Républicains, ont voté favorablement en commission. »
Notre question : peut-on enfermer une idée, qui plus est, juste ?