Des Amazigh libyens observent depuis quarante-huit heures un sit-in dans le complexe gazier de Millitah dans l’ouest de la Libye qu’ils menacent de bloquer pour obtenir que leurs spécificités culturelles figurent dans la Constitution, a indiqué mardi un responsable du site.
Des citoyens de la ville de Zouara (ouest), venus par voie de mer dimanche, ont organisé un sit-in dans le complexe gazier de Millitah menaçant de bloquer le site si leurs revendications ne sont pas satisfaites par le Congrès général libyen (CGN), a indiqué à l’AFP une source de la Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC).
"Jusqu’à présent le complexe continue son activité et une cargaison de condensés de gaz doit être convoyée demain", a ajouté le porte-parole de la NOC Mohamed Lahrairi.
Le complexe gazier est géré par Mellitah Oil & Gas, une société mixte détenue à parts égales par le groupe énergétique italien ENI et la NOC. Il fournit à l’Italie 17 millions de m3 de gaz par jour via le gazoduc Green Stream.
Les minorités Toubou, Amazigh et Touareg qui réclament l’inscription de leur langue et de leurs droits culturels et ethniques dans la future Constitution, exigent la révision de l’article 30 de la Constitution stipulant que la majorité au sein de la commission constitutionnelle s’établit à deux tiers plus un.
Ces minorités ne disposent que de six sièges sur les 60 que compte la commission constitutionnelle.
Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, plusieurs mouvements de protestation perturbent ponctuellement la production de pétrole qui a chuté en juin à moins d’un million de barils par jour (mbj) contre 1,5 mbj auparavant.
Des habitants de la région d’Oubari (sud) ont bloqué lundi la production du puits pétrolier d’al-Charara (330 000 b/j) pour protester contre leur marginalisation. Ils réclament une plus juste répartition des revenus pétroliers pour améliorer leurs conditions de vie.
Des négociations ont été menées par le ministère du Pétrole avec les protestataires qui ont promis de lever leur blocus, selon le porte-parole de la NOC.
La production pétrolière dans le puits al-Charara reprendra dans les prochaines vingt-quatre heures , a indiqué le ministre du Pétrole Abdelbari al-Aroussi.
"J’ai discuté avec le ministère de la Défense et l’état-major de l’armée pour la mise en place d’un plan pour sécuriser ce puits par le biais d’une unité de la garde des installations pétrolière", a indiqué M. Laroussi cité par l’agence de presse libyenne Lana.
"À Tobrouk dans l’est, le terminal pétrolier d’al-Harriga (110 000 b/j) bloqué depuis le mois de juillet dernier par des habitants, pourrait reprendre ses activités dans une semaine", a déclaré Mohamed Lahrairi.
Les mouvements de protestation dans l’industrie pétrolière en Libye dont le blocage des terminaux de Ras-lanuf et Brega (est) ont causé des pertes estimées à quelque 13 milliards de dollars, selon le député Souleiman Kajem.