Des milieux diplomatiques arabes se déclarent inquiets pour le Liban. Selon leur analyse de la situation, les éléments d’une nouvelle attaque israélienne contre le Hezbollah seraient en train de se mettre en place.
Prenant comme point de départ l’inquiétude israélienne à l’égard des développements en Syrie où le président Bachar el-Assad, allié du Hezbollah, est en train de remporter des victoires sur le terrain et d’assurer ainsi d’une manière ou d’une autre le maintien de son régime au pouvoir, ces milieux mettent bout à bout les points suivants.
Les Israéliens savent que dans le contexte du rapprochement de l’Iran avec la communauté internationale et l’Occident en particulier, il leur est impossible de lancer une attaque contre les installations nucléaires iraniennes, car ils n’obtiendraient pas le feu vert américain pour cela. Ils ne peuvent pas non plus lancer une attaque contre le régime syrien, puisque tous les rapports des renseignements occidentaux révèlent que la priorité actuelle en Syrie est de combattre les jihadistes takfiristes, non de renverser le régime.
Mais en même temps, les Israéliens ne peuvent pas admettre une victoire de l’axe dit de la résistance dans le conflit syrien, puisqu’une telle victoire aurait des répercussions positives sur le rôle de l’Iran dans l’échiquier régional, ainsi que sur l’avenir du régime syrien et sur le Hezbollah au Liban.
Dans cette approche, les Israéliens ne sont pas éloignés de la position de l’Arabie Saoudite, dont certains dirigeants sont désormais convaincus que le maintien de Bachar el-Assad au pouvoir en Syrie constituerait une menace pour la stabilité du royaume. Cette convergence d’intérêts entre les dirigeants saoudiens et les Israéliens pourrait se traduire par une nouvelle attaque contre le Hezbollah, avec l’aval de la communauté internationale. Les milieux diplomatiques arabes rappellent qu’en visite à Riyad après la conclusion de l’accord préliminaire sur le nucléaire iranien, le secrétaire d’État américain John Kerry avait déclaré en présence de son homologue saoudien qu’il n’est pas question de laisser le Hezbollah contrôler le Liban. Cette déclaration pourrait en quelque sorte signifier que les États-Unis ne s’opposeraient pas à une attaque israélienne contre le Hezbollah au Liban. Dès lors, il s’agit de préparer le terrain à cette attaque.
C’est ce qui serait en train de se jouer actuellement. En dépit de ce qu’il considère comme la victoire de ses choix en Syrie, le Hezbollah serait donc actuellement en mauvaise posture sur le plan interne, où la tension entre les sunnites et les chiites ne cesse d’augmenter. À cet égard, les milieux diplomatiques arabes estiment que la plaie béante entre Tripoli et Jabal Mohsen a pour objectif d’alimenter en permanence la tension confessionnelle. Ce serait la raison pour laquelle aucun plan de sécurité dans cette ville ne pourrait réussir tant que l’objectif recherché à travers l’ouverture des fronts entre Jabal Mohsen et Bab el-Tebbané est d’exacerber les haines confessionnelles.
De plus, le bras armé du Hezbollah est toujours placé sur la liste des organisations terroristes par l’Union européenne, alors que l’ouverture du procès des assassins de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri prévue en janvier 2014 à La Haye ne pourrait que raviver la colère des sunnites contre le Hezbollah. En même temps, la série de voitures piégées, celles qui ont explosé et celles qui étaient destinées à le faire, ainsi que l’assassinat du chef militaire Hassane Lakkis dans la banlieue sud augmentent l’instabilité et l’atmosphère de méfiance générale qui règne dans le pays. Ce climat malsain est aiguisé par le vide dans les institutions de l’État et la menace de vacance au niveau du pouvoir, alors que l’armée libanaise, en dépit des déclarations d’appui, peine à imposer son autorité à Tripoli et le long des frontières. Si la situation continue à se détériorer, le chaos favoriserait une nouvelle attaque israélienne contre le Liban au printemps prochain.
Toutefois, interrogées sur un tel scénario, des sources du Hezbollah précisent qu’il est certain qu’Israël envisage en permanence de mener une attaque contre la résistance et attend la moindre occasion pour le faire. Mais même s’il se bat en Syrie, le Hezbollah n’en reste pas moins prêt à toute éventualité, surtout face à l’ennemi israélien. De plus, ce dernier n’a pas réussi à le briser pendant une guerre qui a duré 33 jours en 2006 et alors que le monde entier était à ses côtés (sauf bien sûr l’Iran et la Syrie). Aujourd’hui, non seulement le Hezbollah est plus fort, mais il fait désormais partie d’un axe régional...