Un mois après une annonce choc faite depuis l’Arabie saoudite qui avait pris de court le Liban et la communauté internationale, le Premier ministre libanais Saad Hariri est revenu sur sa démission. La France organisera une réunion de soutien au pays.
Après avoir annoncé sa démission à la surprise générale le 4 novembre depuis Riyad, éveillant la suspicion des observateurs, le Premier ministre libanais Saad Hariri est revenu sur sa décision le 5 décembre.
S’exprimant à l’issue de la première réunion du Conseil des ministres depuis son annonce, Saad Hariri a lu un communiqué au nom du gouvernement : « Le Conseil des ministres a remercié le Premier ministre d’être revenu sur sa démission. »
Dans la foulée de cette rétractation, la France a officiellement annoncé qu’une réunion de soutien au Liban se tiendrait à Paris le 8 décembre, en présence de Saad Hariri.
Le 4 novembre à Riyad, le Premier ministre libanais avait invoqué l’ingérence du Hezbollah et de l’Iran, grand rival régional de l’Arabie saoudite, dans les conflits de la région pour justifier sa décision. Il avait notamment évoqué la Syrie, où son camp soutient l’opposition alors que le Hezbollah combat aux côtés de l’armée syrienne, et le Yémen, où Riyad mène une coalition militaire contre les rebelles chiites houthis.
Depuis, les deux camps rivaux au Liban (l’un, appuyé par Riyad, dirigé par Saad Hariri et l’autre, mené par le Hezbollah chiite et soutenu par l’Iran) cherchaient à trouver un compromis pour éviter au pays un nouveau séisme politique.
Le 5 décembre, le gouvernement, auquel participent les deux camps, a réaffirmé sa volonté de « se distancier » des conflits régionaux.
« Le gouvernement libanais, dans toutes ses composantes politiques, décide de se distancier de tout conflit, de toute guerre et des affaires intérieures des pays arabes », a encore déclaré Saad Hariri, ajoutant qu’il s’agissait avant tout de « préserver les relations politiques et économiques du Liban avec ses frères arabes ».
« Nous voyons comment la région [moyen-orientale] est en train de bouillir et nous devons être conscients que tout faux pas pourrait entraîner le pays vers un dangereux précipice », a poursuivi le Premier ministre libanais, selon un communiqué séparé dont l’AFP a obtenu copie.
La démission surprise de Saad Hariri, puis son séjour prolongé en Arabie saoudite, avaient donné lieu à un flot de spéculations sur sa liberté de mouvement et le président libanais, Michel Aoun, avait accusé Riyad de retenir Saad Hariri en « otage ».
Il est rentré au Liban trois semaines plus tard, après un séjour en France, et avait gelé sa démission.