Damas, le 14 septembre 2019
Sainteté,
C’est la 10e lettre ouverte que je me permets de vous écrire, moi, simple prêtre, arabe, catholique de Syrie, en ce jour du 14 septembre 2019.
C’est au Représentant de Jésus-Christ, exclusivement, que je m’adresse, non au Chef de l’État du Vatican.
Oui, je m’adresse à vous, Pape François, au titre de Représentant de Celui qui a dit explicitement des paroles jamais prononcées par être humain, qui l’identifient, en tout temps et totalement, à toute personne souffrant d’injustice, exclue, calomniée, affamée, méprisée, torturée en son cœur et en son corps, arrachée à sa famille, ou violée sous les yeux des siens, chassée de son pays, errant sur terre et sur mer !...
Oui, Sainteté, c’est au Représentant de ce Jésus, qui a osé dire tout cela, en toute clarté et pour l’éternité, face à Dieu et aux hommes, que j’écris. Car, c’est tout cela exactement, que vit mon pays, la Syrie, depuis plus de huit ans et demi, face au silence sépulcral de toute l’Église d’Occident, voire face aux calomnies.
Hélas, c’est ce que j’ai découvert de nouveau, mais, pour aujourd’hui, en lisant et relisant la page (12) du journal officiel du Vatican, L’Osservatore Romano, du mardi 24 juillet 2019.
Il y est question de la Mission du Cardinal Peter Turkson, chargé de remettre à notre Président, votre lettre datée du 28 juin 2019.
Le ton de cette lettre m’a rappelé de près, celui que Mr Colin Powell a tenu à notre Président, en 2002, puis en 2003.
Mais qu’est-ce qui se passe donc, en profondeur, dans l’Église de Jésus-Christ ?
Une infinité de questions se posent à ce propos, mais je les condense en une seule, que voici :
Faut-il, pour réparer le terrible péché de l’antisémitisme, dont SEULES l’Église et la Société occidentales, furent responsables de sa genèse, de sa permanence, de son extension et surtout de son aggravation jusqu’à l’Holocauste Nazi, faut-il, dis-je, que tous les Arabes MEURENT, tant musulmans que chrétiens, pour que les juifs VIVENT ?
C’est la question. Je sais qu’elle est extrêmement grave, et je vous la pose enfin, sachant que des millions d’Arabes et de musulmans attendent une réponse qui tarde à venir. Et c’est juste, car la simple logique affirme qu’un crime ne se répare pas par un crime plus grave.
Après huit ans et demi de guerre universelle, sans précédent, contre mon pays, la Syrie, qui ose ignorer aujourd’hui que ses véritables fomenteurs sont confortablement installés à Tell-Aviv et à Washington, tandis que leurs innombrables serviteurs, tant européens et arabes que mercenaires assassins, drainés du monde entier, se font les vils exécuteurs de ce jeu infernal ?
Malgré cela, ce n’est pas en tant que syrien seulement que je vous écris, mais avant tout, en tant que prêtre de Celui qui a vécu, et est mort par amour pour tout être humain, Jésus-Christ.
Sainteté,
Cette guerre contre la Syrie et en Syrie, qui se poursuit ignoblement, en coordination parfaite avec ce que vous appelez dans votre lettre, « la Communauté Internationale », qui ignore aujourd’hui qu’elle n’est qu’une face effrayante de toute une série de guerres, celles déjà menées depuis plus de soixante-dix ans, et celles projetées au grand jour, par ces mêmes « Puissances », dans le but de consacrer une fois pour toutes, leur totale hégémonie sur la Planète, au prix plus qu’insignifiant pour Elles, du bonheur, de la dignité, de la liberté, bref de l’existence de centaines de millions d’êtres humains, pour ne pas dire de milliards !
Sainteté,
Toutes ces souffrances, vous êtes censé être le Premier à les connaître et à les dénigrer, car vous êtes plus que quiconque à même d’en mesurer la dimension humano-divine, que leur a donnée en Sa Personne même, ce Jésus-Christ, dont vous êtes le Représentant sur terre.
Or je ne vous ai jamais, oui au grand jamais, entendu dire le moindre mot de reproche, à ceux dont vous savez pertinemment qu’ils sont responsables de ces désastres humains, qui finiront implacablement, tôt ou tard, par atteindre l’humanité entière.
Eh oui, même quand vous vous êtes trouvé à Washington, fin septembre 2015, devant Obama, puis le Congrès, les Évêques des États-Unis, et enfin l’Assemblée Générale des Nations-Unies.
N’aviez-vous donc alors, et n’avez-vous aujourd’hui, rien à dire, à propos de ces Passions Permanentes et Universelles, que vit aujourd’hui l’immense majorité des Frères et Sœurs de Jésus-Christ, à travers le monde ?
Pourquoi avez-vous oublié les conclusions, si courageuses et décisives, de votre première encyclique « Evangelii Gaudium » ?
Qu’attendez-vous pour proclamer à votre tour, aujourd’hui plus que jamais, les paroles terribles et éblouissantes de Jésus, à la face de ceux qui, dans leur arrogance et leur idiotie, se prennent pour des « dieux » sur terre ?
Sainteté,
Laissez-moi vous dire en toute clarté, ce que beaucoup n’osent murmurer : Vous êtes le Représentant de Jésus-Christ sans plus, et je ne puis d’aucune façon voir en vous un simple Chef d’État à la solde des « Puissants » malheureux de ce monde.
N’est-il pas temps pour l’Église tout entière, de se libérer, une fois pour toutes, des mirages désastreux qui ont accompagné toute son histoire, depuis l’époque Constantinienne ?
Pourquoi ne suivez-vous pas les pas de votre prédécesseur, St Jean-Paul II ?
Sainteté,
C’est parce que je suis prêtre et que je ne vois en vous que le Représentant de mon Seigneur Jésus, que je vous dis et redis mon espoir et mon respect.