Monsieur Valls,
En ces temps de retour du politique, et notamment du géopolitique dans les méandres sablonneux de l’actualité médiatique, vous avez pris le temps d’attaquer vos ennemis politiques plutôt que l’ennemi « normal », pour paraphraser votre président, d’un ministre de l’Intérieur français, à savoir les tenants de la criminalité quotidienne et/ou organisée.
Un temps, Monsieur, qui joue contre vous, à en croire les chiffres récents de la criminalité et de la surpopulation carcérale, mais finalement assez bien employé si votre travail se résume, comme votre ancienne fonction civile de communicant pourrait l’indiquer, à combattre les ennemis de vos intérêts plutôt que les ennemis véritables de l’ordre public en France, en référence à « l’arc républicain » quelque peu orwellien dont vous nous faites l’éloge et non à la loi française, générale et impersonnelle, elle.
Et c’est sous l’étendard mythifié de l’extrême droite que vous rattachez immédiatement ceux qui représentent pour vous le danger du changement, de l’alternance authentique.
L’extrême droite... Ou l’ennemi éternel que l’homme « de gauche » que vous dites être s’est fixé comme tâche de détruire. Crédule, docile sujet de la Ve République et du pouvoir « laïque, démocratique et social », encore bordé d’illusions droits-de-l’hommistes et humanistes, c’est donc à l’Homme de gauche éternellement lié à la France que je m’adresse, quand même !
Et c’est à cet homme de gauche éternellement lié à la France, donc à ses concitoyens, et donc pour une portion fractionnaire, à moi-même (quel honneur, j’en conviens !), que je souhaite par cette lettre ouverte adresser mes plus vives craintes.
Car vivant, je l’espère, dans la même France que vous, je me dois de soumettre à votre réflexion cette question : si votre principal ennemi est l’extrême droite (ce qui pour un homme « de gauche » peut se concevoir), qu’en est-il alors des réseaux du trafic international de drogue et d’armes, qui au bas de l’échelle, aboutissent à créer des zones franches de non-droit au sein même de cette république une et indivisible que votre fonction vous incombe de défendre ? Qu’en est-il des réseaux bancaires qui, par le jeu des puissances financières, montent des arnaques chiffrées en milliards comme, à titre d’exemple perdu dans la masse, l’escroquerie faramineuse de la taxe carbone ? Qu’en est-il des réseaux et lobbies pédophiles ?
Sont-ils vraiment moins dangereux, agissants et pesant sur le peuple français, que les minuscules groupes que vous qualifiez d’extrême droite ? Sont-ils moins dangereux que celui que votre ignoble manipulation a envoyé en prison pour s’être simplement défendu seul contre trois agresseur après plusieurs mois de traque sur Internet ? Le grand danger qui plane au-dessus de la République et qui agresse le peuple français dans sa quiétude est-il vraiment plus incarné par Dieudonné, humoriste, et Alain Soral, intellectuel, que par les hordes de voyous salissant l’image de la France au Trocadéro, le tout pour satisfaire l’émir du Qatar ?
Vous semblez le penser, Monsieur, ou du moins l’arguer, devant la France et les Français, devant la dépouille du socialisme hexagonal que vous incarnez si bien.
Car si être de gauche c’est mener une politique sociale et économique qu’un étudiant mélenchoniste, c’est-à-dire le plus inculte des militants politiques, pourrait qualifier de néo-libérale tendance Thatcher ; si être de gauche revient à user de violence policière pour mater l’expression populaire d’un dégoût devant le reniement d’un sanctuaire inviolable de toute civilisation humaine qu’est l’altérité de sexe dans le mariage et l’indisponibilité du corps humain ; si être de gauche c’est attiser les tensions communautaires en pratiquant la double éthique et l’islamophobie d’État ; si être de gauche c’est vouloir censurer au nom de la « liberté de la presse », alors il est du devoir de tout citoyen conscient de ces réalités de combattre cette politique, et ce même si vos manœuvres terminologique vous amènent à placer votre action à l’aune de « la gauche ». Et si ceux-là même que vous désignez comme les ennemis de la République, et que vous semblez identifier comme à la marge de « l’arc républicain », ne sont en fait que des résistants dispersés à cette politique servie sur fond de pensée unique, le devoir de tout citoyen est de les défendre, non pour ce qu’ils expriment, qui regarde leur liberté d’opinion et de conscience, mais pour leur droit à l’exprimer.
Car si demain une force politique d’opposition véritable à cet « arc républicain » que vous nous érigez, Monsieur, en vient à avoir une chance de défaire les mensonges et les tromperies dont vous vous rendez complice devant l’Histoire, cette force, peu importe la politique réelle qu’elle souhaitera mener, vous la qualifierez d’extrême droite, parce que c’est la seule et dernière position qui vous permet encore de dire, Monsieur, que vous êtes un « homme de gauche ». La seule, et la dernière. Car une « gauche » qui ne s’oppose pas aux prédateurs bancaires, ou plutôt qui les sert ; une « gauche » islamophobe, répressive et menaçant la liberté d’opinion ; une « gauche » soutenant, parfois même militairement, les politiques impérialiste américaine et racialiste israélienne ; une « gauche » se servant de militants armés comme d’une police politique ; je l’affirme, cette « gauche » n’est pas la gauche.
C’est pourquoi, Monsieur, je me propose ce jour par cette lettre ouverte, à votre attention.
Parce que la France se réveille à l’aube d’une période trouble, tandis que le sort de la paix sociale et mondiale semble se jouer de plus en plus instamment, je m’adresse à vous autant qu’à elle, afin de combattre de mes faibles moyens cette extrême droite antirépublicaine et mondialiste que vous et votre gouvernement incarnez en réalité.
Car ce combat, Monsieur, c’est le combat que se doit de mener, face à l’Histoire et pour la France, tout citoyen qui aujourd’hui se sait être un authentique homme de gauche !
Un citoyen français, anonyme et révolté, éternellement attaché à la France.
A. B.