Les think tanks sont devenus omniprésents sur les deux rives de l’Atlantique. Ils produisent des notes, des recherches sur différents sujets et cherchent à influencer au maximum, un gouvernement ou un parti. Ces « laboratoires d’idées » se veulent des lieux d’expertises au dessus des partis.
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La fondation de l’Hudson Institute
Le Hudson Institute n’est pas le premier think tank américain, il reste toute fois un groupe de premier ordre, très actif sur les questions de géopolitique. L’Hudson Institute a été fondé par Herman Kahn, qui fut employé de la Rand Corporation, le principal think tank américain, qui fut très actif durant la guerre froide notamment. Il s’imposa d’abord comme géostratège et théoricien des systèmes.
En 1961, Kahn, Max Singer et Oscar Ruebhausen fondent un laboratoire d’idées politiques, l’Hudson Institute. De 1966 à 1968, au plus fort de la guerre du Vietnam, Kahn servit comme consultant du département de la Défense et s’opposa aux partisans d’une négociation directe avec le Nord-Vietnam.
Il aurait un budget annuel de 7 millions de dollars, notamment grâce aux contributions privées ; l’institut est par ailleurs présent dans les grandes villes américaines.
L’Hudson Institute a reçu environ 25 millions de dollars entre 1987 et 2003 de subventions gouvernementales et dons d’autres fondations [1]. Les fondations donnant notamment de l’argent sont la Scaife Foundation, la Shelby Cullom Davis Foundation, la Lynde & Harry Bradley Foundation [2]. Selon son rapport de 2012, 56 % de ses revenues viennent de fondations, 10 % de dons d’individus, 12 % d’entreprises, 8 % de subventions gouvernementales [3].
Il se déclare comme une organisation de recherche publique non-partisane dédiée à l’innovation, ainsi qu’aux analyses qui promeuvent la sécurité mondiale, la prospérité et la liberté. Les droits de l’homme sont notamment mis en avant pour en faire une diplomatie « occidentaliste » vis à vis des « dictatures » d’autres continents.
La diplomatie des droits de l’homme
Pour Kenneth Weinstein, président du Hudson Institute, la valeur de liberté est érigée au sommet de la diplomatie américaine ; or, lorsque l’on connaît la réalité de la politique étrangère américaine et certaines de ses amitiés, cela peut prêter à sourire. Il a ainsi pu affirmer dans différentes interviews ou prise de parole qu’« aujourd’hui, c’est ensemble que les puissances de la liberté doivent défendre les hommes et les femmes qui se battent pour faire reculer la tyrannie [4] », car « nous défendons les droits de l’homme, partout où ils sont mis en péril [5] ». [...]
Concernant la guerre de 2003 en Irak, ce même Monsieur Weinstein parle d’une « guerre pour la liberté », où « notre vision morale des relations internationales s’est retrouvée assez isolée au sein des démocraties occidentales [6] ».