La maladresse d’un agent des services secrets aurait pu avoir de lourdes conséquences.
L’incident se passe en septembre 2006. Mahmoud Ahmadinejad est à New York, où il participe à l’Assemblée générale des Nations unies. Alors qu’il est sur le point de monter dans une voiture pour se rendre à la conférence onusienne, le président iranien échappe à une balle perdue, tirée par mégarde par un agent des services secrets américains chargé de l’escorter. Celui-ci était en train d’ajuster son arme lorsqu’il l’a malencontreusement déchargée.
Cette histoire, rapportée dès le lendemain dans une note adressée aux plus hauts responsables de l’administration Bush, a été tenue secrète jusqu’alors. Elle est désormais rendue publique par le journaliste Marc Ambinder qui a publié le témoignage de l’un des responsables des services secrets dans le livre Deep State : Inside the Government Secrecy Industry à paraître en avril et dont The Atlantic, repris par Slate, s’est procuré un extrait.
Silence
« À l’époque, l’administration Bush réfléchissait à la manière dont il fallait gérer le programme nucléaire iranien. Et un agent des services secrets venait juste de donner à l’Iran une opportunité de relations publiques potentiellement dévastatrices. Ahmadinejad allait certainement révéler l’accident en grande pompe à la tribune des Nations unies. Il pourrait prétendre que les États-Unis ont essayé de l’assassiner, et bouleverser ainsi toute la conférence. »
Contre toute attente, Mahmoud Ahmadinejad, qui s’est à peine retourné en entendant la détonation, n’a jamais évoqué cet incident, ni lors de son discours à la tribune des Nations unies, ni par la suite. Une attitude interprétée comme stratégique. « Le silence des Iraniens a eu pour conséquence de changer la manière dont plusieurs conseillers de la Maison Blanche voyaient Ahmadinejad. C’était une preuve que l’Iran agissait de manière stratégique, et donc avec prudence. » Cette attitude a sans doute permis d’éviter une crise dont on n’ose imaginer l’ampleur.