Si le gouvernement allemand est opposé à une intervention militaire en Syrie, cela ne l’empêche pas, a priori, d’apporter une aide aux opposants du régime de Bachar el-Assad. Du moins, selon l’hebdomadaire allemand Bild am Sonntag, qui a livré des informations à ce sujet dans sa dernière édition.
Ainsi, le Oker (photo), un navire allemand de la classe Oste, spécialement conçu pour recueillir du renseignement d’origine électro-magnétique, croiserait au large de la Syrie. Grâce à ses équipements, il est en mesure d’obtenir des informations sur les mouvements des troupes régulières syriennes jusqu’à 600 km des côtes et de les transmettre ensuite à des officiers américains et britanniques qui les communiquent aux rebelles.
“Aucun service de renseignement occidental n’a d’aussi bonnes sources en Syrie que le BND” a ainsi confié un responsable américain à l’hebdomadaire allemand. Cela étant, ce service, qui est l’équivalent de la DGSE en Allemagne, a toujours eu de bonnes sources dans le monde arabo-musulman. Ainsi, d’après Der Spiegel, il savait où se cachait le colonel Kadhafi l’an passé…
En outre, et toujours d’après le même hebdomadaire, des officiers allemands seraient également actifs en Turquie, plus précisément à Adana, qui abrite une base de l’Otan. “Nous pouvons être fiers de la contribution significative que nous apportons pour faire chuter le régime d’Assad” a déclaré un responsable du BND à Bild am Sonntag.
Un porte-parole du ministère allemand de la Défense a indiqué qu’il était “correct (de dire) qu’un navire (allemand) effectuait actuellement une opération dans la région qui doit durer plusieurs mois”, sans donner plus de précisions au sujet de sa mission. Mais il a nié qu’il s’agissait d’un navire espion. Quant au Oker, il aurait été au mouillage dans un port, en Sardaigne, le 19 août.
Outre-Manche, c’est l’édition dominicale du Times qui, citant un responsable de l’Armée syrienne libre, a affirmé que les services britanniques avaient contribué au succès de plusieurs attaques menées par ses troupes, notamment en les informant des mouvements des forces régulières.
Il s’agit là-encore de renseignements d’origine électro-magnétique, obtenus par le GCHQ (Government Communications Headquarters) depuis une station implantée à Chypre, puis transmis aux rebelles via la Turquie, qui leur communique également des informations glanées par les services américains. D’ailleurs, selon la presse d’outre-Atlantique, le président Obama aurait signé une directive autorisant la CIA a fournir ce type de soutien à l’ASL.
Et la DGSE dans tout ça ? Difficile à dire, en fait, le propre des actions clandestines étant de ne pas avoir de publicité. En novembre dernier, le Canard Enchaîné, qui n’a pas toujours eu la main heureuse sur des sujets militaires ces dernières années, avait affirmé que des agents du service Action et des militaires du COS (Commandement des opérations spéciales) s’apprêtaient à former les rebelles de l’ASL.
Plus récemment, le 6 août, lors d’un entretien accordé au Parisien, Richard Labevière (ancien de RFI, licencié après une interview de Bachar el-Assad en 2008 et rédacteur en chef de Défense, la revue de l’IHEDN), a affirmé qu’”avec le ‘service action’ de la DGSE, la France mène (…) des opérations de formation et de soutien à l’Armée syrienne libre et à d’autres groupes armés.”
Et d’ajouter : “Sur le plan des transmissions et de l’artillerie : mortiers, missiles antichars et canons de 105 mm. Plusieurs dizaines de conseillers militaires participent déjà à un état-major commun turc, américain et français à Charnagh (Turquie), qui bénéficie d’une aide britannique à la frontière syrienne.”