Une nouvelle Guerre Froide était bien la dernière chose qu’Obama avait encore à l’esprit lorsque la nuit tombait sur le campus universitaire de l’université Lynn, en Floride, le 22 octobre 2012. C’était la nuit des longs couteaux, celle du fameux débat de politique étrangère de la campagne présidentielle, durant lequel Obama a vertement mouché son opposant républicain, Mitt Romney, en ridiculisant son assertion selon laquelle la Russie constituait la plus grande menace géopolitique pour les États-Unis au 21ème siècle.
Voici comment Obama administra sa fameuse rebuffade à Romney :
« Monsieur le gouverneur, je suis content que vous reconnaissiez qu’al-Qaïda est une menace, car lorsque que l’on vous demandait, il y a quelques mois, quelle était la plus grande menace pour les Etats-Unis, vous avez répondu la Russie – et non pas al-Qaïda – vous avez dit la Russie. Et les années 1980 n’appellent pas au retour de leur politique étrangère parce que, savez-vous, la Guerre Froide est terminée depuis plus de 20 ans. Mais, Monsieur le gouverneur, lorsqu’il s’agit de politique étrangère, vous semblez vouloir importer la politique étrangère des années 1980. »
Tout au long de sa campagne de réélection, Obama a mis en avant la « réinitialisation » des relations entre les États-Unis et la Russie comme la réalisation de politique étrangère la plus brillante de son premier mandat dans le Bureau Ovale. Il a fièrement vanté l’accord START sur le désarmement avec la Russie, l’aide précieuse de la Russie dans la création du réseau de voies de transit, connu sous le nom de Northern Distribution Network (réseau de distribution septentrional), et dans d’autres domaines en relation avec la guerre en Afghanistan, ainsi que la limitation des ventes militaires à l’Iran et sa bonne volonté pour collaborer sur les sanctions américaines contre l’Iran, etc., comme des gains substantiels de sa politique étrangère.
On ne sait pas quand exactement Obama a changé d’avis et décidé de devenir un partisan de Romney. Obama attribue entièrement sa métamorphose aux développements en Ukraine, c’est-à-dire une affaire vieille de quatre mois à la suite de l’annexion de la Crimée par la Russie. Mais dans cette courte période, Obama est passé d’un extrême à l’autre, comme en témoignent ses remarques sur les dernières sanctions, prises mardi dernier contre la Russie. Il prend un malin plaisir d’avoir « fait revenir en arrière des décennies de véritable progrès » en Russie et d’avoir « rendu une faible économie russe encore plus faible ».
Obama exulte que « les projections de la croissance économique russe se rapprochent de zéro ». Cela trahit une rancœur et un esprit mesquin qui souille l’image des USA dans la communauté internationale. Ne vous y trompez pas, il y a tout un monde au-delà de l’Amérique du Nord et de l’Europe de l’Ouest, et celui-ci voit la volte-face caractéristique d’Obama avec incrédulité et un sentiment d’exaspération !