Un salarié sur cinq souffrirait d’"hyperstress" chez PSA Peugeot-Citroën. Le cabinet Stimulus, qui a rendu public, lundi 17 mars, une enquête effectuée auprès des employés du constructeur automobile après une série de six suicides parmi le personnel en 2007, le définit comme un état qui, par son intensité, représente un risque pour la santé de l’individu.
Stimulus a demandé à 3161 personnes tirées au sort sur trois sites – Mulhouse (Haut-Rhin), où cinq suicides ont eu lieu, Sochaux (Doubs) et Vélizy (Yvelines) – de répondre à plus de 80 questions. Par ailleurs, 60 salariés ont été interrogés individuellement.
A partir de ces données, Stimulus relève que le taux d’"hyperstress" serait chez PSA beaucoup moins élevé que dans son panel de référence constitué de près de 14 000 personnes où il atteint 27,6 %. Il semble toutefois difficile de faire des comparaisons dans la mesure où le secteur automobile est absent de ce panel.
Chez PSA, les femmes y sont plus sujettes (27,80 %) que les hommes (18,30 %) ; les ouvriers (22,60 %) plus que les cadres (15,40 %). Par ailleurs, le changement de supérieur hiérarchique dans les six mois serait un facteur aggravant : dans ce cas, il atteint 26,30 % pour les ouvriers et 19,70 % pour les cadres.
"UN TABOU A ÉTÉ LEVÉ"
Autre enseignement de cette enquête : plus les salariés travaillent dans des sites de production, plus ils sont atteints "d’hyperstress". De fait, à Mulhouse, 21,60 % d’entre eux en souffrent contre 17,80 % à Vélizy où sont conçus les véhicules.
"Parmi les facteurs les plus importants, les personnes interrogées ont notamment pointé la nécessité de s’adapter sans cesse, l’impossibilité de faire des erreurs, le respect de procédures rigides et étroitement surveillées, sans compter le sentiment de manquer de temps pour tout le travail à faire", souligne le docteur Patrick Légeron, directeur du cabinet Stimulus.
Pour Jean-Marc Vergnes, directeur des ressources humaines de PSA, "un tabou a été levé en interne". Selon lui, parler du stress dans l’entreprise était totalement impossible il y a encore un an. Utilisant les mots "transparence" et "pragmatisme", M. Vergne reste persuadé que pour combattre ce "problème", il faut une mobilisation de tous les acteurs : encadrement, corps médical et syndicats. Ces derniers attendent désormais des mesures concrètes.
Au-delà des cellules de veille censées repérer les situations à risque ainsi que le maintien d’un numéro vert pour pouvoir parler de ses problèmes, le groupe automobile veut aller plus loin. M. Vergne veut notamment limiter la taille des équipes de fabrication à 30 personnes par unité, combattre la démotivation en reconnaissant le travail accompli ou encore faire des évaluations sociales et psychosociales systématiques des chantiers menés.
"Mais il est hors de question de mettre en place des solutions qui remettraient en cause nos objectifs de compétitivité", a-t-il également prévenu.
Nathalie Brafman
Source : http://www.lemonde.fr
Stimulus a demandé à 3161 personnes tirées au sort sur trois sites – Mulhouse (Haut-Rhin), où cinq suicides ont eu lieu, Sochaux (Doubs) et Vélizy (Yvelines) – de répondre à plus de 80 questions. Par ailleurs, 60 salariés ont été interrogés individuellement.
A partir de ces données, Stimulus relève que le taux d’"hyperstress" serait chez PSA beaucoup moins élevé que dans son panel de référence constitué de près de 14 000 personnes où il atteint 27,6 %. Il semble toutefois difficile de faire des comparaisons dans la mesure où le secteur automobile est absent de ce panel.
Chez PSA, les femmes y sont plus sujettes (27,80 %) que les hommes (18,30 %) ; les ouvriers (22,60 %) plus que les cadres (15,40 %). Par ailleurs, le changement de supérieur hiérarchique dans les six mois serait un facteur aggravant : dans ce cas, il atteint 26,30 % pour les ouvriers et 19,70 % pour les cadres.
"UN TABOU A ÉTÉ LEVÉ"
Autre enseignement de cette enquête : plus les salariés travaillent dans des sites de production, plus ils sont atteints "d’hyperstress". De fait, à Mulhouse, 21,60 % d’entre eux en souffrent contre 17,80 % à Vélizy où sont conçus les véhicules.
"Parmi les facteurs les plus importants, les personnes interrogées ont notamment pointé la nécessité de s’adapter sans cesse, l’impossibilité de faire des erreurs, le respect de procédures rigides et étroitement surveillées, sans compter le sentiment de manquer de temps pour tout le travail à faire", souligne le docteur Patrick Légeron, directeur du cabinet Stimulus.
Pour Jean-Marc Vergnes, directeur des ressources humaines de PSA, "un tabou a été levé en interne". Selon lui, parler du stress dans l’entreprise était totalement impossible il y a encore un an. Utilisant les mots "transparence" et "pragmatisme", M. Vergne reste persuadé que pour combattre ce "problème", il faut une mobilisation de tous les acteurs : encadrement, corps médical et syndicats. Ces derniers attendent désormais des mesures concrètes.
Au-delà des cellules de veille censées repérer les situations à risque ainsi que le maintien d’un numéro vert pour pouvoir parler de ses problèmes, le groupe automobile veut aller plus loin. M. Vergne veut notamment limiter la taille des équipes de fabrication à 30 personnes par unité, combattre la démotivation en reconnaissant le travail accompli ou encore faire des évaluations sociales et psychosociales systématiques des chantiers menés.
"Mais il est hors de question de mettre en place des solutions qui remettraient en cause nos objectifs de compétitivité", a-t-il également prévenu.
Nathalie Brafman
Source : http://www.lemonde.fr