Les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont entamé mercredi leur retrait de Turquie vers le nord de l’Irak, une opération visant à mettre un terme à près de 30 ans de conflit sanglant au pays.
« Nous savons que le mouvement [de repli] des combattants a commencé », a déclaré Selahattin Demirtas, coprésident de la principale formation pro-kurde de Turquie, le Parti pour la paix et la démocratie (BDP).
Il n’était toutefois pas en mesure de confirmer si le retrait avait débuté mercredi ou plus tôt, car selon plusieurs observateurs, le repli des combattants a commencé bien avant la date du 8 mai.
L’aile militaire du mouvement PKK, le HPG, avait confirmé la veille que le retrait s’amorcerait bel et bien mercredi, tout en mettant en garde Ankara contre toute « provocation » qui pourrait perturber le processus de retrait.
Les premiers groupes de rebelles doivent parvenir d’ici une semaine à leurs bases du nord de l’Irak, a précisé le HPG, s’ils ne sont pas attaqués par les forces turques.
« Nous ne nous attendons pas à une attaque de l’armée, mais des forces obscures, des militants paramilitaires, qui ne sont pas sous le contrôle des forces gouvernementales, peuvent tenter de saboter l’opération », s’est aussi inquiété M. Demirtas.
Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a personnellement assuré que ce ne serait pas le cas.
Le retrait de mercredi représente la deuxième phase concrète du processus de paix auquel se sont engagés les rebelles et le gouvernement turc. En mars dernier, le chef du PKK, Abdullah Öcalan, avait appelé ses troupes à un cessez-le-feu et à un retrait imminent. Depuis, aucun combat entre les rebelles et l’armée du gouvernement n’a été signalé.
Négociations et processus de paix
Depuis le début de l’insurrection du PKK en 1984, le conflit kurde en Turquie a fait plus de 45 000 morts, selon l’armée. Le Parti des travailleurs du Kurdistan est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l’Union européenne et de nombreux pays.
Son chef, Abdullah Öcalan, purge depuis 1999 une peine de prison à vie dans une geôle turque, d’où il dirige son mouvement armé par le biais de ses avocats qui lui rendent régulièrement visite.
Mais depuis la fin 2012, le gouvernement turc a entrepris des pourparlers avec Abdullah Öcalan. Et les deux parties ont montré des signes de bonne volonté.
Le gouvernement a permis au leader rebelle de rencontrer des députés kurdes, alors qu’il était en isolement total durant de longues années.
Ankara a aussi déposé plusieurs projets de loi au Parlement, visant à l’élargissement des droits de la minorité kurde, qui compte de 12 à 15 millions de membres sur 75 millions d’habitants que compte la Turquie.
Les Kurdes de Turquie réclament notamment le droit à l’éducation en langue kurde pour leur communauté ainsi qu’une autonomie régionale.
La question kurde reste toutefois très sensible en Turquie. Une majorité de Turcs sont hostiles à des négociations avec les rebelles kurdes et considèrent Öcalan comme un terroriste et un tueur d’enfants.