Les punks aimaient l’anarchie et la rébellion, ils sont désormais dans l’un des musées les plus prestigieux de New York, objet d’une exposition au Metropolitan Museum consacrée à la façon dont ils ont inspiré la haute couture.
« Punk : du chaos à la couture », qui ouvre aujourd’hui [jeudi 9 mai, ndlr] et a été l’occasion lundi d’une soirée de gala très glamour avec force célébrités, retrace la fusion improbable de ce mouvement musical des années 70, porteur d’une éthique antibourgeoise, avec celui de la couture, où un tee-shirt peut coûter jusqu’à 565 dollars.
L’exposition, dans les salles élégantes du Met, replonge le visiteur dans l’époque de ce genre rock’n’roll volontiers auto-destructeur, qui crie plus qu’il ne chante sa contestation, et qui s’accompagne d’une consommation généralement immodérée de drogues et d’alcool.
On y voit des vidéos de Sid Vicious, le chanteur des Sex Pistols, et autres musiciens sur écrans géants, des « gourous » punks qui y expliquent leur philosophie.
Pour l’occasion, une réplique grandeur nature a été réalisée de la salle de bains du célèbre night-club de Manhattan CBGB autour de 1975, avec des graffitis des Ramones sur les haut-parleurs qui affirment « Dead boys rule » (les garçons morts font la loi), et des mégots de cigarettes par terre.
L’exposition ne traite pas des punks anticonformistes, mais de la mort d’une sous-culture nihiliste, et de sa renaissance sous forme de défilés de mode.
Elle affirme que l’amour des punks pour une mode vestimentaire bricolée et bon marché – une chaîne comme bijou, des jeans et tee-shirts déchirés – était de fait en phase avec la façon de travailler des stylistes modernes.
« Dans un étrange tournure de leur destin, leur philosophie du “je le fais moi-même” est devenu l’avenir du “no future” » (le mot d’ordre associé au mouvement punk, NDLR), expliquent les notes de l’exposition.
« La philosophie punk peut sembler en opposition avec celle de la couture sur mesure, mais en fait, les deux sont définies par la même impulsion d’originalité et d’individualité », lit-on encore.
Et les vêtements présentés témoignent de l’influence des punks sur les grandes maisons de la mode : des épingles à nourrice sur une robe de soirée Versace de 1994 ; une mini-robe Balenciaga drapée d’une chaîne dans sa collection 2004 ; des fermetures éclair en or sur une robe de soie rose Givenchy de 2011, etc.
Un univers loin des paroles des Sex Pistols et d’autres groupes qui revendiquaient le besoin de « choquer les gens » et d’être « aussi obscènes et inutiles que possible ».
Mais la commercialisation et la mode n’étaient jamais loin de l’expérience punk, souligne l’exposition, rappelant que l’impressario Malcolm McLaren est crédité d’avoir quasiment lancé le punk britannique avec la boutique Sex qu’il avait avec sa partenaire, la styliste Vivienne Westwood, à Londres.
L’exposition, elle aussi, se termine par une boutique, où l’amateur peut s’offrir un tee-shirt Givenchy pour 565 dollars, ou un haut blanc signé Vivienne Westwood où est simplement écrit « climate revolution », pour 100 dollars.
Pour les férus d’épingles à nourrice, elles sont déclinées en collier à perles, au prix de 775 dollars.