Cher Président Obama,
Nous sommes très heureux de la vision de paix et de sécurité d’un monde sans armes nucléaires que vous avez exposée dans votre discours de Prague. Étant donné que votre administration réexamine les possibilités de réduire davantage le danger lié aux armes nucléaires, nous vous adressons ce courrier pour que vous adoptiez d’urgence une politique claire de non-utilisation préemptive [1] d’armes nucléaires.
Nous nous sentons très concernés par les positions actuelles des États-Unis et de la Russie au sujet des ripostes en cas d’attaque, qui augmentent considérablement les risques d’erreurs de jugement et de guerre nucléaire à grande échelle. Ce problème est aggravé par notre politique actuelle sur les armes nucléaires, politique qui résulte de nos pratiques dangereuses et dépassées lors de la Guerre froide, laissant l’option nucléaire « sur la table » pour répondre à certaines menaces non nucléaires sur notre territoire et sur nos alliés.
Comme vous ne l’ignorez pas, si les États-Unis devaient appliquer des plans d’urgence pour utiliser en premier les armes nucléaires dans un conflit contre un adversaire doté de l’arme nucléaire, une guerre de grande ampleur pourrait s’ensuivre en tuant des milliers de civils. Pour la sécurité et la sauvegarde du monde, les options militaires pouvant s’emballer mutuellement vers une destruction mutuelle et certaine ne devraient pas se poser.
Aujourd’hui au 21ème siècle, les besoins de sécurité imposent de se positionner dans une politique de non-préemption. De plus, cette nouvelle politique ne nous empêcherait pas de protéger nos alliés, incluant le Japon, la Corée du Sud, et nos alliés de l’OTAN européens.
Les États-Unis conserveront leurs innombrables forces conventionnelles par terre, mer et air pour contrer toute attaque non-nucléaire sur leur territoire. De plus, étant donné la nature indiscriminée des armes nucléaires, il serait imprudent pour le Président des États-Unis d’utiliser les nôtres – pour la première fois depuis plus de 70 ans – pour négocier avec une menace non-nucléaire.
Une politique claire de non-préemption comprend aussi un certain nombre d’avantages :
Réduire les risques d’erreur de jugement de nos adversaires en atténuant les préoccupations sur les intentions des États-Unis.
Mettre la barre plus haut concernant l’utilisation des armes nucléaires par tout État doté de l’arme nucléaire.
Minimiser le besoin d’armes de « première frappe » y compris pour les nouveaux missiles de croisière nucléaires et les missiles balistiques intercontinentaux, ce qui génèrerait une réduction de coûts importante et amènerait d’autres états dotés de l’arme nucléaire à faire de même.
Votre visite à Hiroshima et votre engagement à « cesser la logique de la peur » a donné au monde le nouvel espoir que les États-Unis prendraient des mesures significatives pour réduire la menace nucléaire. Nous pensons que c’est maintenant que cette politique doit changer et nous insistons pour que vous puissiez l’appliquer sans délai. Merci par avance de votre considération, nous espérons travailler encore avec vous durant les derniers mois de votre administration.
Sincèrement.