Il faut chercher longtemps une information non pas pro-russe mais tout simplement neutre sur la situation militaire dans le Donbass, lieu de confrontation principal des forces russes et otano-ukrainiennes. Si on lit, regarde ou écoute les médias mainstream, les Russes reculent à Kherson, subissent des pertes effroyables dans le Donbass, et leurs armées sont exsangues.
Derrière cet écran de propagande – les nouvelles armes occidentales livrées à l’Ukraine rappellent celles qui devaient renverser le cours de la Seconde Guerre mondiale au profit de l’Allemagne – se profile une réalité plus inquiétante pour le camp du Bien, celui de l’OTAN, du Pentagone, de la CIA et de leurs roquets européistes : la suprématie russe est totale dans le ciel, la supériorité en artillerie est écrasante, et à moins de frappes tactiques nucléaires en Russie même, ce que l’Amérique s’interdit, les Russes ne reculeront pas.
De plus, les sanctions sont sans effet sur le déroulement de la guerre, même si à long terme, elles peuvent faire mal au peuple russe, comme elles ont fait souffrir le peuple irakien dans les années 90. Mais la Russie de Vladimir Poutine n’est pas l’Irak de Saddam Hussein. Les Russes ont apparemment prévu leur coup, ou leurs coups, à la manière d’un joueur d’échecs. Poutine rumine sa revanche depuis longtemps, et personne de sensé n’osera dire que l’OTAN n’a pas voulu étrangler la Russie. Et la Chine.
Les Américains, trop sûrs d’eux et de leur domination éternelle, n’ont pas vu qu’ils ne pourraient pas toujours tenir sur tous les fronts, à la fois l’Europe de l’est et la mer de Chine. C’est pourquoi ils ont lâché le Proche-Orient, laissant Israël se débrouiller avec ses voisins.
Aujourd’hui, profitant de l’affaiblissement – car tout conflit est un affaiblissement mutuel – des Américains et des Russes, la Chine avance ses pions vers Taïwan. C’est bien l’esprit chinois, tout en calcul fin, en jeu de go. La moindre faiblesse est exploitée, mais sur le temps long, les Chinois ne tombant pas dans le piège des Américains, qui connaissent de courtes victoires et de profondes défaites. Ce sont toujours des « général Custer » : on fonce avec tout l’armement moderne, et on finit par se prendre une déculottée, fuyant en hélico Saïgon ou Kaboul.
La fuite des Américains lors de la chute de Saïgon en 1975 et la chute de Kaboul en 2021 :
Une archive d’Europe 1 en direct et en français (notez l’animateur qui ne sait pas compter) :
C’est donc RFI qui s’est distinguée en révélant que les Russes ont encaissé le choc des nouveaux armements de l’OTAN à l’Ukraine.
Max [commandant adjoint de l’une des compagnies de l’armée séparatiste pro-russe de Donetsk] l’assure : le nouvel équipement d’artillerie occidental aux mains des Ukrainiens, ça fait bien longtemps qu’il le voit à l’œuvre : « Depuis mai-juin environ, je ne peux pas vous dire avec certitude quand, mais j’ai remarqué, et je n’étais pas le seul, que l’artillerie ennemie avait commencé à fonctionner différemment. Au début, nous ne comprenions pas ce que l’ennemi utilisait, vu qu’il ne produit pas lui-même ce type d’arme, c’était clairement quelque chose de nouveau. » (...)
La vigilance est de tous les instants, mais ici, on assure s’être largement adapté aux nouveaux équipements du camp d’en face, y compris avec l’appui de l’infanterie en première ligne : « Ça se passe très vite. Si les gars sur la ligne de front ont vu d’où vient le flash ou entendent le son, ils transmettent rapidement les communications au quartier général. Là-bas, ils ont une carte devant les yeux. Ils regardent rapidement et dirigent l’artillerie sur les points désignés. »
Tout le monde ici répète cette phrase : « L’artillerie est le dieu de la guerre ». Les forces russes et pro-russes gardent de toute façon une maîtrise écrasante du ciel. Dans la région, il n’est pas rare de voir des avions de combat voler à basse altitude.
Illustration avec les viseurs laser fournis par les Américains au bataillon Azov, armes qui devaient tout changer :
Arte, qui a évalué les grandes puissances militaires, essaye ici de faire croire que l’armée russe recule et se replie sur l’est et le sud de l’Ukraine... comme si ce n’était pas le choix stratégique de l’état-major russe !