Le taux de réussite des bacheliers, 91,5 % avant rattrapages, affole les écoles et universités qui devront accueillir ces jeunes. Les étudiants auront-ils le niveau suffisant pour réussir leurs études ? « Il y en a qui, si le contexte actuel que nous connaissons n’avait pas eu lieu, n’auraient pas eu le bac. Et une partie de ceux qui vont arriver en licence n’auront pas le niveau », reconnaît volontiers Guillaume Gellé, président de l’université de Reims.
En 2018, les étudiants étaient plus de la moitié (56 %) à échouer en première année de licence. Ils n’ont été que 30 % à réussir leur licence en trois ans, selon les services statistiques du ministère de l’Enseignement supérieur. Et si ce chiffre est un peu plus élevé pour les bacs généraux (36,8 %), il reste très faible pour les bacheliers technologiques (7,7 %), et pires en bac pro (2,4%). « Ce chiffre a peut-être évolué depuis, mais on reste sur une proportion massive d’échecs », affirme Jean-Rémi Girard, président du Syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur (Snalc).
« Ce qui est inquiétant, c’est que la crise leur a certainement fait perdre un rythme scolaire »
La situation pourrait s’agraver en 2020-2021. Aux étudiants qui ont obtenu un « oui, si » de Parcoursup, ce qui les oblige en temps normal à suivre une remise à niveau, il faudra « proposer des solutions en plus pour les accompagner », explique Guillaume Gellé. Tutorat, personnalisation de parcours...
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Pour Jean-Pierre Grill, enseignant chercheur à l‘Université Pierre et Marie Curie (Paris VI), toute la difficulté réside dans la capacité des futurs étudiants de première année à maintenir « une bonne méthodologie de travail ».
« Avant la crise déjà, on se retrouvait avec des étudiants qu’il fallait un peu fliquer, comme au lycée. Ils rentraient de deux mois de vacances, certains avaient l’impression que décrocher le bac, c’était le Graal et qu’ils pouvaient désormais se lâcher », remarque-t-il.
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Une crainte que partage Mathieu Avanzi, maître de conférences en linguistique française à Sorbonne Université.
« Nous redoutons que certains étudiants aient complètement décroché, après avoir perdu l’habitude de suivre un calendrier », reconnaît-il. « Des choses bêtes qui ont toute leur importance comme se lever le matin à 8 heures pour aller en cours. Déjà, en temps normal, il y a énormément d’absentéisme en première année de licence. Alors, après deux mois de confinement et l’été... »
C’est d’autant plus vrai qu’il y a « certaines licences qui servent de délestage des bacheliers qu’on n’a pas su mettre ailleurs », affirme Jean-Rémi Girard.
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Chaque année, assure Jean-Rémi Girard, les étudiants souffrent en première année de licence 1. « De ce point de vue là, 2020 ne présente pas une différence de nature. On constate un échec assez massif dans l’enseignement supérieur en temps normal », rapporte-t-il avant de préciser que derrière ces échecs, il y a des réorientations, des départs pour motif non scolaire.
« C’est vrai qu’on observe chez les étudiants en première année une baisse de niveau notamment en expression écrite, et un déficit dans les savoirs fondamentaux », renchérit Éric Laurent, maître de conférences en psychologie cognitive à l’Université de Franche-Comté.
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