Des dirigeants européens qui se réunissent jusque tard dans la nuit. Un plan pour combattre la crise économique et financière. Des marchés qui applaudissent. Ce scénario donne une impression de déjà vu. Ce énième sommet et ce énième plan sont-ils différents des précédents ?
Scénario différent pour résultat équivalent ?
Difficile d’y voir clair dans le brouillard des déclarations du lendemain du sommet européen. D’un côté, Angela Merkel vient d’envoyer au cimetierre les euros obligations en disant qu’il n’y aurait pas de mutualisation des dettes de son vivant, utilisant un langage d’une radicalité peu commune dans la bouche de la chancelière allemande. Mais de l’autre côté, le résultat du sommet de jeudi est souvent présenté comme une victoire de l’Italie et de l’Espagne.
Cependant, en creusant les articles de presse, on constate des divergences. Quand Le Monde affirme que « Madrid et Rome forcent la main à Berlin », Le Figaro soutient que « Angela Merkel cède pour sauver l’essentiel ». L’un affirme que l’Allemagne a cédé sur les questions capitales de l’aide directe des banques par le fonds européen et sur l’aide aux pays en difficulté. L’autre tient un discours assez différent, modérant la portée des mesures, qui seraient toujours conditionnelles.
Difficile d’y voir clair dans les déclarations de ce lendemain de sommet. En outre, une déclaration n’est pas un traité. Seuls les traités déterminent la conduite des politiques européennes et pas des déclarations d’intention de fins de sommet. Et il est difficile de savoir si cet accord un peu nébuleux va vraiment changer les choses. Certes, les marchés ont fortement rebondi, mais ils avaient rebondi dans le passé et n’avaient pas montré une grande pertinence dans leur jugement.
Quatre questions techniques / Union bancaire
La 1ère question, celle des euros obligations, a été tranchée par Angela Merkel à la veille du sommet. Elle a tout simplement mis fin aux discussions sur ce sujet.
La seconde portait sur le pacte de croissance. Ce plan de 120 milliards d’euros a été agréé mais il faut noter que près de la moitié de son montant vient de fonds précédemment inutilisés. En outre, la plupart des analystes sont extrêmement sceptiques sur l’effet réel que devrait avoir ce plan sur les économies européennes.
La 3ème question portait sur l’aide aux banques en difficulté. Certains pays souhaitaient que les fonds européens puissent les aider directement pour ne pas imposer ce fardeau aux pays. L’Italie et l’Espagne semblent avoir obtenu gain de cause, mais l’Allemagne parle de conditions assez strictes, comparables à celles imposées par la troïka pour accorder une telle aide. Bref, le flou et de toutes les façons, une telle ligne de crédit ouverte aux banques est choquante.
La 4ème question du sommet portait sur les écarts de taux d’intérêt entre les pays. L’Italie souhaitait que des mesures soient prises pour réduire ces écarts qui coûtent cher à ce pays. L’Allemagne a protégé mordicus l’indépendance de la Banque Centrale Européenne mais aurait cédé sur le fait que les fonds européens pourraient en acheter. Mais le diable se cache dans les détails. Quelles seront les conditions attachées à cette aide et les modalités. Mystère.
Si beaucoup présentent ce sommet comme une défaite d’Angela Merkel, il faut noter qu’elle n’a pas cédé sur ses deux questions majeures : les euro obligations et la monétisation par la BCE. Les mesures annoncées restent pour l’instant bien nébuleuses pour conclure quoique ce soit.