« “Finis les applaudissements, place aux rassemblements” : après trois mois de crise sanitaire, médecins, aides-soignants et infirmiers vont battre le pavé mardi un peu partout en France pour rappeler le gouvernement à ses promesses sur l’hôpital, en plein “Ségur de la santé”.
De Paris à Montpellier en passant par Metz, Dunkerque et Bobigny, plus de 220 rassemblements sont prévus dans le cadre de cette journée d’action nationale, organisée à l’appel d’une dizaine de syndicats et collectifs de soignants (CGT, FO, Unsa, Sud, Collectif Inter-Hôpitaux…).
Objectif : mettre à profit le soutien engrangé auprès de la population pendant la crise sanitaire afin d’obtenir des avancées pour les salariés des hôpitaux et des Ehpad, salués comme des “héros en blouse blanche” par le chef de l’État au début de l’épidémie. » (20 Minutes)
Pendant que les soignants, certains mis à rude épreuve pendant l’épidémie de grippe dite Covid-19, fourbissent leurs banderoles et leurs slogans (qui n’ont pas beaucoup changé depuis 2019), le procureur Molins vient d’annoncer que 84 plaintes visaient le gouvernement. Des plaintes déposées en bonne et due forme :
« Les qualifications pénales tournent autour des infractions d’homicide et de blessures involontaires, aux infractions de mise en danger de la vie d’autrui ou au fait de ne pas avoir pris de mesures adéquates »
De plus, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire sur la gestion de la crise sanitaire et enfin, une commission d’enquête s’ouvre ce mardi 16 juin 2020. Le premier à être auditionné sera le directeur de la Santé Jérôme Salomon. Même si la commission est paritaire (il y a des députés macroniens et des députés de l’opposition), on ne voit pas ces petits soldats s’attaquer brutalement à l’homme des décisions sanitaires extrêmement douteuses.
Les soignants, eux, retournent dans la rue demander des moyens humains et matériels à un pouvoir qui va les oublier très vite, après leur avoir mis la pression et les avoir changés, le temps d’une immense ingénierie, en héros. Le pire, c’est que la fameuse réforme de l’hôpital ou sa gestion de plus en plus néolibéralisée devrait voir encore le nombre de lits diminuer. Le directeur de l’ARS Grand Est a émis cette idée pour le CHU de Nancy ; on lui a vite demandé de la boucler.
Le Parisien du 5 avril 2020 rappelle cette incongruité :
« En pleine lutte contre le coronavirus, ses propos sur les économies à l’hôpital sont très mal passés. Le directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) Grand Est, interrogé vendredi lors d’une conférence de presse, a estimé qu’il n’y avait “pas de raison” d’interrompre les suppressions de postes et de lits au CHRU de Nancy.
Selon Christophe Lannelongue, rien ne justifiait la remise en cause du comité interministériel de la performance et de la modernisation de l’offre de soins hospitaliers (Copermo), qui prévoit la suppression sur cinq ans de 174 lits (sur 1 577 en 2018) et de 598 postes au CHRU de Nancy (sur environ 9 000). »
Les héros bientôt cocus ?
Le Pr André Grimaldi appelle à se joindre massivement à la manif des soignants demain mardi 16 : « ça suffit les mots, il faut des actes maintenant ! » #macron20h
À suivre sur https://t.co/SGpm0incMv, entretien avec @MermetDaniel. Extrait ⤵️ pic.twitter.com/zYBOWSbdmq
— Là-bas si j'y suis (@LabasOfficiel) June 15, 2020
On sent bien que la néolibéralisation de la santé publique va reprendre tranquillement son processus de destruction de l’hôpital, tout ça pour le plus grand profit de la santé privée et des mutuelles, qui salivent déjà, avec les grandes sociétés d’assurance derrière. Au ministre de la Santé de faire passer cette amère pilule.
« Interrogé lundi sur LCI, le ministre de la Santé Olivier Véran s’est voulu rassurant. “On travaille, on avance”, a-t-il déclaré, en indiquant que “plus de cent consultations au niveau national” avaient été effectuées depuis le début du “Ségur”. » (20 Minutes)
Tout change, et rien ne change...
« Les discours lénifiants du gouvernement, les médailles en chocolat et les promesses de primes aléatoires et hypothétiques ne suffiront pas. Désormais il faut de véritables moyens humains et budgétaires pour la santé publique », a prévenu la CGT dans un communiqué.
« Un retour à "l’anormal" est inenvisageable »
À Paris, une manifestation est prévue à 13h devant le ministère de la Santé, en présence de plusieurs leaders syndicaux, dont Philippe Martinez (CGT) et Yves Veyrier (FO). Le rassemblement sera suivi d’un cortège en direction de l’Assemblée nationale et des Invalides.
Ailleurs, la plupart des autres manifestations se tiendront devant des hôpitaux et des établissements médico-sociaux, où la CFDT elle aussi a déposé un préavis de grève. Des aides à domicile et associations de retraités ont également prévu de se joindre aux mouvements.
Les soignants, en première ligne face au covid-19, réclament un « plan de recrutement » et une « revalorisation générale des salaires », de l’ordre de 300 à 400 euros selon les syndicats. Ils souhaitent « l’arrêt de toutes les fermetures d’établissements, de services et de lits ».
« Après 14 mois de mobilisation et une crise sanitaire, un retour à "l’anormal" est inenvisageable. Pour les usagers, ce n’est plus le temps d’applaudir les soignants mais de soutenir nos revendications », insiste le Collectif Inter-Hôpitaux, fer de lance d’un mouvement engagé voilà un an.
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