Les funérailles religieuses du criminel de guerre SS Erich Priebke, qui devaient être célébrées par des intégristes catholiques près de Rome au milieu de vives protestations, ont finalement été annulées mardi soir en raison de la présence de nostalgiques du nazisme.
Les funérailles religieuses du criminel de guerre SS Erich Priebke, qui devaient être célébrées par des intégristes catholiques près de Rome au milieu de vives protestations, ont finalement été annulées mardi soir en raison de la présence de nostalgiques du nazisme.
La cérémonie a été d’abord suspendue en fin d’après-midi quand la préfecture de Rome a constaté qu’y participaient des extrémistes de droite qui n’étaient ni des amis, ni des parents de l’ex-SS.
Puis l’avocat de Priebke, Paolo Giachini, proche de ces milieux, a réagi en annulant purement et simplement ces obsèques religieuses privées.
Environ 500 manifestants antifascistes ont protesté tout l’après-midi devant le séminaire de l’Institut Pie X, siège en Italie de la communauté fondée dans les années 80 par Mgr Marcel Lefebvre, a constaté un photographe de l’AFP.
La foule, qui chantait Bella Ciao et scandait « nous sommes antifascistes », s’est agitée à l’apparition d’un groupe d’une dizaine de néofascistes.
Dérapages
La police est intervenue pour éviter des dérapages. Les autorités étaient particulièrement vigilantes, ces incidents intervenant à la veille de la célébration des 70 ans de la déportation d’un millier de juifs de Rome.
Les funérailles religieuses de Priebke auraient dû consister en « une messe en latin, à huis clos, seulement pour les amis intimes et les parents », selon l’avocat Giachini.
La tension était déjà forte dans l’après-midi quand l’arrivée du corbillard avait été huée aux cris d’« assassin », ou d’« Emmenez-le à la décharge ». Certains protestataires ont donné des coups de pied et de poing au corbillard. Un prêtre a été bousculé par la foule à son entrée dans le couvent.
De leur côté, les militants d’extrême droite, environ une trentaine rassemblés près du séminaire, ont fait le salut nazi et entonné des chants fascistes. « Nous sommes ici pour célébrer sa mémoire parce qu’il fait partie de notre monde », a expliqué aux journalistes Maurizio Boccacci, chef du mouvement d’extrême droite Militia.
Priebke, l’un des responsables du massacre des Fosses ardéatines à Rome en 1944 (335 civils tués dont 75 Juifs), est mort vendredi dernier à l’âge de 100 ans. Il vivait depuis près de 15 ans dans la capitale italienne, assigné à résidence au domicile de l’un de ses avocats, après avoir été condamné à la réclusion à perpétuité.
Chrétien catholique, soldat fidèle
Interrogé par Radio 24, un prêtre italien lefebvriste le père Floriano Abrahamowicz, a pris la défense de Priebke en assurant qu’il était « son ami ». « Je le considère comme un chrétien catholique, un soldat fidèle », a-t-il déclaré, assurant que « Priebke avait été persécuté en Italie ».
Mgr Lefebvre avait créé la Fraternité Pie X pour s’opposer aux ouvertures du Concile Vatican II (1962-1965) sur le monde moderne. L’un des quatre évêques de la Fraternité Saint Pie X, l’évêque britannique Richard Williamson, a été condamné en appel fin septembre en Allemagne pour avoir nié l’existence des chambres à gaz et contesté le nombre de juifs morts dans les camps de concentration.
Le maire d’Albano Laziale, Nicola Marini, qui avait tenté d’empêcher le passage du convoi funèbre dans sa commune, s’est dit « choqué » par la cérémonie dont il n’avait pas été averti. Cet élu du centre gauche a évoqué le passé antifasciste de sa ville de 50 000 habitants située au cœur des Castelli Romani.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, « la bande des Castelli » dirigée par le juif Pino Levi Cavaglione avait participé à des actions de sabotage contre les nazis, dont la destruction de la voie ferrée entre Roma et Cassino, en décembre 1943, provoquant la mort d’environ 400 soldats allemands partant au front.
Le corps de Priebke devrait rester pendant la nuit dans le séminaire, mais le lieu de sa probable crémation puis de sa sépulture reste indéterminé. En effet, ni l’Allemagne, son pays natal, ni l’Argentine où il a vécu caché pendant plus de 40 ans, ni Rome ne veulent de la dépouille de l’ex-capitaine SS.
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