Les trois marches auxquelles avait appelé des représentants de l’opposition algérienne samedi à Alger et ses environs ont été bloquées par les forces de l’ordre.
Moins d’une centaine de personnes ont tenté de défiler dans la matinée depuis la cour de justice, dans le quartier d’Hussein Dey, dans l’est de la capitale, vers la place du 1er Mai, en plein coeur d’Alger, sur une distance de deux kilomètres. Mais elles en ont été empêchées par des policiers et un groupe de jeunes scandant des slogans favorables au président Abdelaziz Bouteflika. Les forces de l’ordre se sont interposées entre ces manifestants et les « contre-manifestants » qui ont voulu les chasser.
Dans le quartier d’El Madania, un quartier populaire sur les hauteurs de la ville, quelques dizaines de personnes se sont rassemblées sur la petite place centrale. Mais, d’après des témoins, elles ont été également encerclées par des policiers ainsi qu’une frange de contre-manifestants qui les ont empêchées de progresser vers le siège de la télévision algérienne, à laquelle les manifestants reprochent des couvertures orientées des manifestations publiques.
Saïd Sadi, responsable du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD ; 19 députés au parlement), qui fait partie de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), initiatrice de l’appel aux marches, a été violemment pris à partie par des contre-manifestants, selon des témoins. Avant de se retirer sous la protection des forces de l’ordre, M. Sadi a déclaré à la presse que son parti « continuera à organiser des marches ». « Nous voulons changer le système qui nous empêche de tenir ces marches dans les différentes wilayas du pays », a-t-il dit, selon l’agence de presse officielle APS.
À Aïn Benian (ouest d’Alger), une vingtaine de manifestants, avec à leur tête le député RCD Noureddine Aït Hamouda, ont tenté de défiler mais ont été empêchés par les forces de l’ordre, selon des témoins sur place.
À Oran, grande ville de l’ouest (432km d’Alger), la marche à laquelle avait appelé également la CNCD a été dispersée par la police, rapporte l’agence APS. À Batna, (435km au sud-est d’Alger), une marche rassemblant quelques dizaines de personnes à l’appel de la même coordination a été aussi empêchée par la police, selon des témoins. Sept personnes ont été arrêtées puis relâchées, ont précisé ces sources.
Les marches organisées samedi pour appeler « à la chute du système » constituent les cinquièmes tentatives de la CNCD pour manifester depuis le 22 janvier.
En dépit de la levée de l’état d’urgence en vigueur depuis 1992, il y a une dizaine de jours, les marches restent interdites dans la capitale algérienne, les autorités invoquant « des raisons d’ordre public ».
Créée en janvier dernier dans la foulée des émeutes qui ont fait cinq morts et plus de 800 blessés en raison de l’augmentation des produits de première nécessité, la CNCD s’est scindée mi-février entre partisans de marches dans les rues et la société civile et des syndicats autonomes plus favorables à un travail de fond.
Vendredi, le Front des forces socialistes (FFS), parti de l’opposant Hocine Aït Ahmed, qui n’est pas membre de la CNCD, a tenu un meeting devant plus de 3000 personnes dans une salle de spectacle à Alger.