La jalousie face à un allogène qui maîtrise aussi bien, voire mieux que soi, l’outil de production rhétorique et conceptuel inventé par l’Homme Blanc, est susceptible de générer un puissant complexe d’infériorité chez l’ethno-identitaire, qui s’aperçoit que sa suprématie onirique ne se situe guère à l’endroit où il l’avait placée : la solarité charismatique, la clarté mentale et l’érudition de l’indigène désigné, font trembler toutes les fondations stéréotypiques qui alimentent une certaine vision de la hiérarchie ethno-génétique, dans l’archaïsme politique des cercles ethno-nationalistes.
Ce réveil brutal, conjugué à une timidité débilitante, à laquelle se surajoute une réalité physique qui peine à exhiber la suprématie musculaire du guerrier viking, réunissent les conditions de l’abolition du discernement et la tentation de la malhonnêteté.
Il suffit dès lors de déclarer, sur un mode performatif, que Youssef Hindi n’est pas musulman mais Frère musulman, pour produire le dommage collatéral et le déficit d’image qui permettront à l’ethno-nationaliste jaloux, dépossédé et complexé, de convoquer à son profit, de se réapproprier, le temps d’une invective rémunératrice, les vertus de son suprématisme avorté et de sa toute-puissance raciale fracassée sur le récif d’un âge d’or qui ne reviendra pas.