Très bons desseins mais de grâce laissez Sa Majesté la dernière Reine de France tranquille. Il est absolument vrai que son train de dépenses de loisirs coûtait un bras à la France, on ne l’appelait pas Mme Déficit pour rien. Il est cependant absolument, mais absolument faux qu’elle méprisât les petites gens de son pays d’adoption à coups de remarques méchantes, au contraire elle adorait les voir affluer partout où elle défilait, un peu à la manière de ces vedettes de la chanson qui ont la décence d’adorer leur public qu’elles exploitent par ailleurs sans remords.
Une des preuves de cela est l’absence totale de mépris de classe pour ses gardiens et pour la populace dépêchée sur son cortège dans sa correspondance de ses derniers jours à l’approche du jugement à mort et du supplice ; jusqu’au bout, dans des circonstances où la plupart des nobles soumis au même traitement se raidissaient en imprécations et en malédictions contre les bouseux en les comparant à des bêtes (ce que beaucoup de râclures ramassées par le nouveau pouvoir étaient effectivement par ailleurs) que d’autres sauraient mater, elle en appela au sens commun et à la pitié élémentaire de ses bourreaux même si c’était à grands cris, sans le stoïcisme avec lequel le roi venait de mourir.
La tirade qu’on lui prête « qu’ils mangent de la brioche » n’a aucune attitude de mépris à l’origine. De façon coutumière à certaines dates convenues elle recevait dans l’enceinte d’un de ses châteaux aujourd’hui disparu (Marly) des délégation de fermiers et autres paysans, dont certains venaient demander du pain et d’autres le toucher des écrouelles (les personnages royaux étaient réputés avoir le même pouvoir guérisseur par le toucher que les grands saints). Un jour une de ces délégations paysannes arriva alors que l’intendant avait oublié de fournir le château en pain pour la circonstance, mais par chance il y avait assez de brioches (pas des gâteaux) en surplus pour ne pas laisser ces gens repartir les mains vides, et c’est la Reine qui en fit la remarque.
C’était un certain nombre d’années avant la Révolution et sans grand rapport avec les pénuries alimentaires qui régnaient parfois à cette époque. Le premier à avoir eu l’idée d’interpréter la remarque de la reine dans le sens de l’infox bien connue à l’effet d’un trait de langage impudent de sa part fut Benjamin Franklin qui visitait alors Paris et haïssait cette reine du haut de tout son racisme judéo-saxon.
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