C’est en qualité de juriste d’excellence (théoricien puriste de la tradition des jurisconsultes) que j’ai décidé d’intervenir à la fois pour conforter le conseil avisé de prudence formulé par mon estimé collègue, Damien VIGUIER, et aussi en vue de le parfaire en vous exposant le mécanisme de la machine logomachique faiseuse de vérité et broyeuse de vies.
Observons d’abord que le droit de se taire est une notion juridique récente qui n’existait pas dans le système inquisitoire tel qu’il était pratiqué en France jusqu’à la fin du XXième siècle.
Si l’aveu (quête traditionnelle emblématique) est toujours regardé comme la reine des preuves, la police à néanmoins besoin de l’étayer en la confrontant à des adminicules d’ordre matériel dont la juxtaposition débouche au fameux faisceau d’indices tendant à corroborer la culpabilité du prévenu ou de l’accusé.
L’enquête de police entre dans le champ de l’instruction préparatoire, et ce, peu importe qu’elle ait ou non été initiée par un magistrat instructeur ou par un fonctionnaire du parquet.
L’intervention que je m’apprête à développer le plus concisément possible fera l’impasse de l’investigation de police proprement dite pour ne s’intéresser qu’à la partie audition de police, c’est-à-dire de l’interrogatoire de police à l’occasion d’une garde-à-vue ou d’une convocation de police.
Les officiers de police disposent à cet effet d’une palette de moyens psychologiques visant à conditionner le sujet en lui soutirant le plus d’information exploitable possible. Il s’agira de "cuisiner" le sujet en le plaçant en position de faiblesse maximum.
Le système de la paire de flics dont l’un est méchant (il grince des dents) et l’autre est gentil (il caresse dans le sens du poil) est efficace à 80%, pour le reste il suffit de passer aux étapes définis dans le manuel du détective efficient.
Répondre spontanément aux questions posées ou parler du sujet abordé révèle votre personnalité, vos faiblesses, votre caractère et vous engage dans un chemin périlleux.
"Tu sais pourquoi tu es là" ; "si tu coopères, le juge en tiendra compte et tu n’iras pas en prison".
Parler libère la parole, crée subrepticement des liens, vous rend affable, amical et ouvre des canaux (fissures) permettant aux enquêteurs de s’y engouffrer en vous déstabilisant.
Il est préférable de se taire d’abord et d’en savoir davantage par la suite, ce qui vous offrira un bouclier efficace en terme de protection. Prendre son mal en patience et se garder de...
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