Le 11 mars, la Crimée quittait le giron ukrainien et proclamait son indépendance.
Le 16 mars 2014, ses habitants étaient appelés aux urnes pour décider du sort de leur territoire. Le résultat fut clair : plus de 96 % des suffrages exprimés se prononcèrent pour le rattachement de la nouvelle République de Crimée à la Fédération de Crimée, mettant fin à la décision de Nikita Khrouchtchev, qui avait rattaché administrativement cette région à la République socialiste soviétique d’Ukraine en 1954. Une décision du peuple criméen qualifiée immédiatement d’« annexion » par le camp occidental.
Un an plus tard, c’est une semaine de festivités avec concerts et feux d’artifice qui vont marquer ce premier anniversaire de retour à la mère patrie. Plus de 2 000 personnes se sont rassemblées pour un concert de quatre heures à Sébastopol, où mouille la flotte russe de la mer Noire.
Le gouverneur de la ville, Sergueï Meniaïlo, a pris la parole devant la foule :
« Vous, les habitants de Crimée, avez dit que vous vouliez rentrer à la maison et le président [russe] a pris sa décision. Et nous sommes rentrés à la maison sans bain de sang. La guerre et le sang avec l’Ukraine, la paix et la stabilité avec la Russie ».
Dimanche, les téléspectateurs russes ont pu voir un documentaire de trois heures sur la chaîne Rossia 1, où le président Poutine a révélé qu’il avait pris des décisions afin d’éviter au petit territoire d’être livré aux représailles de Kiev et à l’appétit des Occidentaux :
« On ignorait alors si l’Occident allait intervenir militairement. C’est pourquoi j’ai été obligé de donner les instructions qu’il fallait à nos forces armées (...), de donner des ordres sur l’attitude de la Russie et de nos forces armées en toutes circonstances. J’ai parlé avec mes collègues [occidentaux] et je leur ai dit que c’était notre territoire historique, que des Russes habitaient là-bas, qu’ils étaient en danger et que nous ne pouvions pas les abandonner. C’était une position franche et ouverte. Et c’est pourquoi, je ne pense pas que quelqu’un ait eu envie de déclencher un conflit mondial. »
Le dirigeant russe s’est dit prêt à mettre, à l’époque, le dispositif nucléaire russe en alerte :
« Nous étions prêts à le faire afin de faire face à la tournure la plus défavorable qu’auraient pu prendre les événements. »
L’hôte du Kremlin, qui avoue avoir envoyé 20 000 hommes en Crimée et demandé la mise en place de batteries de missiles de défense côtière « Bastion », destinées à tenir à distance un navire de guerre étasunien qui naviguait en mer Noire, précise ses motivations :
« Nous devions renforcer notre présence militaire en Crimée pour que le nombre de nos soldats permette de créer les conditions propices à l’organisation d’un référendum, un référendum sans effusion de sang. L’objectif final n’était pas la prise de la Crimée ou son annexion. L’objectif final, c’était de donner aux gens une possibilité d’exprimer leur opinion sur comment ils veulent vivre dans l’avenir. J’ai agi de manière assez ferme mais je suis sûr que si nous ne l’avions pas fait, les événements en Crimée se seraient déroulés conformément à un scénario similaire à celui que nous voyons aujourd’hui dans le Donbass. »
Enfin, il a déclaré avoir sauvé la vie de l’ancien président ukrainien, Viktor Ianoukovitch :
« Pour nous, il était devenu évident et nous avions reçu des informations selon lesquelles des plans étaient prêts non seulement pour sa capture mais aussi, et c’est ce que préféraient les auteurs de ce coup d’État, pour son élimination physique. »
La situation de la péninsule n’est pas simple, du fait de son isolement du reste du territoire russe, et elle dépend encore du bon vouloir de Kiev pour être approvisionnée en eau et en électricité. Son rattachement a entraîné la mise en place de sanctions par Bruxelles et Washington. Un an après et loin de vouloir l’apaisement, l’Union européenne, par la voix de sa haute représentante pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, a tenu à préciser que :
« L’Union européenne poursuivra sa politique de non-reconnaissance (de l’adhésion de la Crimée) et notamment de ses mesures restrictives. L’UE appelle les États membres de l’ONU à adopter des mesures de non-reconnaissance similaires conformément à la résolution 68/262 de l’Assemblée générale de l’ONU. »