Les banques de la planète se préparent en toute quiétude à faire travailler avec une nouvelle devise grecque.
Certains établissements financiers n’ont jamais effacé la drachme de leurs systèmes informatiques après l’adoption de l’euro par la Grèce en 2001. Ils seraient prêts en un clin d’oeil si le problème de la dette contraignait le pays à revenir aux bonnes vieilles pièces et billets libellés en drachmes.
De toute façon, les banques sont habituées au changement : elles ont géré le passage des marchés financiers à l’euro en 1999 ainsi que l’apparition de devises comme la couronne estonienne (jusqu’à son remplacement par l’euro en 2011) ou le tenge kazakh avec l’éclatement de l’Union soviétique.
D’ailleurs, on s’agite en coulisses depuis 2009, date de l’apparition de la crise de la dette en Grèce, souligne Hartmut Grossman, de la société américaine ICS Risk Advisors qui travaille avec les banques de Wall Street.
"Beaucoup de sociétés, notamment en Europe et aussi ici, étudient cela depuis longtemps", commente Hartmut Grossman. "Tous les établissements financiers sont préparés à cette éventualité. Le départ de la Grèce de la zone euro n’est pas une idée nouvelle."
L’Union européenne dit vouloir conserver la Grèce dans l’euro. Les sondages montrent que les Grecs veulent conserver la monnaie unique. Mais ils ont aussi voté dimanche dernier pour des partis opposés au plan de sauvetage de l’UE et du Fond monétaire international, ce qui a à nouveau suscité des doutes sur le maintien du pays au sein des Dix-Sept.
CONTRÔLE DES CHANGES
Si la Grèce quittait l’euro, elle imposerait très certainement un contrôle des changes, estiment les banquiers, ce qui n’empêcherait pas les transactions sur la nouvelle devise.
"Les salles de marchés spécialisées dans les changes peuvent être prêtes assez vite. Cela dépend exactement comment se passe la sortie de la zone euro", commente Lewis O’Donald, directeur des risques basé à Londres de la banque d’affaires japonaise Nomura.
Les devises qui ne sont pas librement négociables, comme le yuan chinois, sont suivies sur des marchés à part via l’utilisation d’instruments dérivés comme des contrats à terme par exemple.
Si la Grèce choisit un taux de change fixe, tout dépendra de la parité retenue. Si le gouvernement choisit un euro pour une nouvelle drachme, une telle parité ne serait pas tenable très longtemps et entraînerait de lourdes pertes pour les banques. Les banques ont étudié les possibilités pour se protéger mais peu ont pris de mesures concrètes.
"Les banques sont très, très réticentes pour commencer à crier au feu. Elles savent ce qui se passe(rait) et à quoi ressemblerait une panique", commente un avocat de Londres chargé de conseiller les établissements financiers. La plupart se contentent de vérifier le droit applicable à leurs contrats, se couvrent contre un défaut et examinent tous les problèmes juridiques qu’une sortie de la Grèce de l’euro pourraient soulever. Des simulations ont bien été faites. Mais on ne sait pas vraiment comment fonctionnerait une sortie.
"Pour les transactions libellées en euro, quel sera leur statut en cas de changement dans la nature de cette devise ?" s’interroge Miles Kennedy, associé chez PricewaterhouseCoopers.