Premier sur les faits divers, Le Parisien en ligne de ce samedi 14 janvier 2017 nous conte l’histoire d’un braquage de bijouterie à Paris, qui s’est terminé par l’interpellation des deux auteurs à Livry-Gargan, en Seine-Saint-Denis. Jusque-là, rien que du très banal, pourrait-on dire.
Cependant, à y regarder de plus près, les moyens développés pour suivre et arrêter les deux suspects renvoient aux attentats du 7 janvier 2015 et du 13 novembre 2015 à Paris. Examinons les faits, d’après Le Parisien, toujours bien informé lorsqu’il s’agit de sécurité intérieure.
Les faits ont eu lieu à 12h05. Les braqueurs ont fait irruption dans la chic boutique. Tandis que l’un assénait un coup de crosse à la vendeuse, l’autre fracassait les vitrines à coup de marteau.
Puis le duo de mineurs a pris la fuite à bord d’une BMW noire, avec un butin estimé à 600 000€.
La police a déployé les grands moyens.
Appel à toutes les radios. Un hélicoptère a décollé de Balard (XVe). La voiture a été repérée à Livry-Gargan, brûlée...
Et des policiers en entraînement qui se trouvaient à côté se sont mis à la recherche des jeunes fuyards. Et les ont interpellés.
Les esprits curieux auront tout de suite comparé la réaction des forces de l’ordre aux attentats de Paris et la réaction policière à ce fait divers malheureusement quotidien. Si, pour un simple braquage dans le XVIe arrondissement, avec fuite en voiture, les « grands moyens » sont déployés, alors comment se fait-il que la ou les voitures des auteurs des tueries de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015 au matin, et des tueries des terrasses le 13 novembre 2015 au soir, n’aient pas été suivis par hélicoptère ?
- Le véhicule des frères Kouachi abandonné rue de Meaux
Ils circulaient dans des voitures de location noires repérables dans la ville. Même si le véhicule des frères Kouachi a été abandonné en plein Paris, place du Colonel Fabien (dans le XIXe arrondissement), la traque des tueurs, d’après un document très factuel de l’émission Infrarouge diffusée le 4 janvier 2016 sur France 2 (la partie sur le changement de voiture commence à 18’09), n’a pas reçu d’appui aérien sur Paris. Seulement en Seine-et-Marne.
Après le changement de véhicule, et leur « passage à une porte de Paris » selon Bernard Petit, ancien directeur de la PJ de Paris, les tueurs passent à travers les mailles du filet et disparaissent, pour réapparaître dans le 77. Les deux frères passeront la nuit dans une forêt, et se réfugieront à Dammartin dans la fameuse entreprise d’imprimerie. La suite est connue.
La police a-t-elle déployé « les grands moyens » ?
En comparant les deux événements et les deux modus operandi de la police, on peut se dire les autorités en charge de la sécurité des Parisiens, des Franciliens et des Français ont été prises au dépourvu par la violence des attaques terroristes.
Peut-être aussi que depuis les tueries de janvier et de novembre 2015, le suivi aérien des voitures est enclenché comme pour le petit braquage de la rue de Passy à Paris XVI. Cependant, et pour la tuerie de Charlie, et pour le commando des terrasses, les véhicules ont été perdus de vue, et c’est seulement grâce au témoignage de « Sonia » et au témoignage involontaire d’Hasna Aït Boulahcen (cousine d’Abaaoud placée sur écoute), que les forces antiterroristes ont pu remettre la main sur le commando ou une partie du commando du 13 novembre dirigé par Abaaoud, alors réfugié à Saint-Denis. Les auteurs théoriques de la tuerie y seront alors éliminés le samedi suivant les faits, soit cinq jours plus tard. Avec une polémique sur le nombre de balles tirées par la police. Mais c’est une autre histoire... dans l’histoire.