Disons-le tout net, parlons cash : le problème de l’équipe de France ce n’est pas d’être représentée par 8 Noirs, 3 Arabes et 2 Blancos – ce qui fait hurler les racialistes et ceux qui n’ont jamais touché un ballon – mais c’est, on l’a vu, le problème du maillot national, un problème de fierté, du côté des joueurs et du côté des supporters, et encore plus des non supporters.
Charlie Hebdo a été l’un des vecteurs actifs qui ont diffusé dans la population le virus de l’anti-France, la détestation du maillot, des « couleurs », de la Nation. Il n’y a pas qu’eux qui ont participé à cette triste et nuisible entreprise de démolition, mais ils ont leur part. Pour eux, le footballeur est un crétin, et le supporter un demeuré. C’est une vision fausse, antisportive, et imprégnée de ce communautarisme non français qui a longtemps été l’apanage des médias dominants, sous influence, on le sait tous.
Malgré un Zemmour qui aime le foot et la France, sous certaines conditions, le reste de l’intelligentsia a toujours dédaigné ce sport de pauvres, jusqu’à un certain 12 juillet 1998. Mais l’épopée black-blanc-beur n’a pas tout résolu, on le sait : 20 ans plus tard, un Benzema – défendu par Maître Jakubowicz –, pour complaire à son fanatorium sur les réseaux sociaux, crache sur l’hymne national et pleurniche que Deschamps ne veut pas de lui en Bleu. Or si Benzema veut retourner en équipe de France, ce n’est pas par amour du maillot ou de « son » pays, mais bien parce que ça participe de sa valeur marchande.
Heureusement, les « Benzema » ne sont plus très nombreux en équipe de France (EDF) : la plupart des mutins de Knysna ont disparu sous le sable de leur propre connerie. Ribéry a beau envoyer des « Balek » d’Ibiza (« j’m’en bats les couilles » de pas être sélectionné), il a disparu de la circulation et du cœur des Français. Ces derniers ont envie d’aimer leur équipe, de s’y retrouver, et c’est le cas avec la génération des Griezmann, des Varane et des Kanté, des Umtiti, Pogba et Tolisso, Mbappé, Giroud, Fékir, Dembélé. Putain, on dirait les indigènes de la Coloniale !
Un nationalisme français interdit jusqu’au fond des chiottes
Aujourd’hui, 80 ans (ou presque) après Vichy, 20 ans après le 12 juillet magique du Stade de France, et 2 ans après la finale perdue contre les Portos lors de l’Euro 2016, les Français réapprennent à aimer leur équipe, leur pays, un amour sans honte, sans regard craintif du côté des associations « antiracistes » qui ont racisé les Français pendant 30 ans sur demande bien spéciale d’une communauté intéressée par la division.
Il est temps, Noirs, Blancs, Arabes et Juifs (du quotidien, n’est-ce pas), tous français, de se rassembler derrière cette équipe et derrière ce pays qui a besoin d’unité car sans unité, pas de force. Finky, cet amoureux du foot, serait capable d’embrasser – symboliquement, n’exagérons pas non plus – un Noir ou un Arabe, même musulman, si la France devient championne du monde le 15 juillet à Moscou ! Ce serait un beau geste de sa part, une sorte de poignée de main historique à la Trump-Kim. Aux Bleus, même noirs, de ne pas décevoir Finky.
Cadeau pour les supporters bleus de l’article qui suit, ces chants de supporters argentins, qui font pas semblant d’être passionnés. Si ça c’est pas du sentiment national, on sait pas ce que c’est.
Les Bleus, qui sont en réalité de toutes les couleurs, sont des gosses de pauvres qui sont arrivés tout en haut, par leur talent et leur travail. Et ils représentent notre pays. C’est l’alliance du social et du national.
Quand il croque dans son jambon-beurre, Fabien Bonnel ne peut s’empêcher de replonger quelques années en arrière. « Les sandwichs, avant, je les prenais dans la gueule. Avec des canettes. » Vu comme ça, le titre non officiel de meneur, ou capo (« chef », en italien), des supporters de l’équipe de France peut ressembler à une punition. Le meneur des « Irrésistibles Français » (IF) – c’est leur nom – ne parle pourtant que de passion.
À 34 ans, il incarne le nouveau visage des suiveurs français présents en Russie, où les Bleus entament leur Coupe du monde face à l’Australie, le 16 juin. La fédé annonce 9 200 billets vendus pour le premier tour. Un contingent faiblard mais, en matière de soutien populaire, l’équipe de France part de très loin. Il n’y a pas si longtemps, les caméras ne se risquaient pas à zoomer sur une tribune clairsemée. Et quand elles lançaient un avis de recherche, Clément d’Antibes, le mythique supporter de 70 ans et son coq Balthazar prenaient toute la lumière. Béret sur la tête, maillot tricolore et cocarde en bandoulière.
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Des arrière-pensées marketing
Pour Ludovic Lestrelin, sociologue à l’université de Caen, cette mue dans les tribunes est le fruit d’un intense travail au sein de la fédération française de football, entrepris après le séisme de Knysna, en 2010. Pour améliorer le capital sympathie du navire amiral et ne pas rebuter les annonceurs, il fallait un public, des drapeaux, des chants. Bref, du bleu-blanc-rouge de partout et des décibels. « Il y a donc eu un travail de structuration avec des arrière-pensées marketing ». À la FFF, un référent supporter est nommé pour la première fois en 2012. Le contrat est clair : il apporte quelques facilités aux associations – dont les « Irrésistibles Français » – qui, en retour, offrent une animation digne de ce nom.
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Un problème ultrasensible
En France, la greffe prend peu à peu, mais on ne parlera jamais d’un phénomène de masse. Pour cela, il faudrait que le fossé se résorbe entre les suiveurs de l’équipe de France et ceux des clubs, issus de la mouvance ultra, notamment. « Impossible et impensable », répond Gilles Zamolo, porte-parole d’un groupe ultra niçois. Pour lui, les Tricolores incarnent un mouvement officiel, marketé, qui cultive forcément de bonnes relations avec les dirigeants. Tout ce qu’il exècre, en somme. La philosophie des ultras est d’abord celle d’un contre-pouvoir. Ils s’autofinancent, sont indépendants, créent leurs propres « tifos », conspuent ceux qui ne mouillent pas le maillot et entretiennent une rivalité avec des clubs adverses.
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Fin de match au @StadeFrance dans le #kopIF des @IF_Supporters avec un hommage à notre Gégé national #sorsnoustavodka #FRAIRL pic.twitter.com/fTihjI1Pbu
— Skyns (@Skyns13) 28 mai 2018
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Lors du dernier Euro, les IF ont aussi dû se justifier après la reprise du fameux clapping islandais. Une vidéo de 2014 prouve pourtant qu’ils se sont convertis à cette façon d’applaudir depuis longtemps. Mais rien à faire. Ils restent pour beaucoup d’odieux plagiaires, méprisables, à la botte de l’instance fédérale.
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L’Algérie et le Portugal plutôt que les Bleus ?
Le repli sur une autre sélection n’est bien sûr pas un phénomène typiquement niçois. Partout sur le territoire, les fans de foot se tournent volontiers vers le pays de leurs parents ou de leurs grands-parents, immigrés de première, deuxième ou même troisième génération. Beaucoup de binationaux soutiennent aussi les deux équipes. En cas de confrontation, le choix se porte parfois sur le drapeau d’origine. Et puis les fidélités peuvent se succéder en fonction des équipes éliminées. Quid, par exemple, des Français qui avaient pour habitude de soutenir la Squadra azzurra qui ne verra pas Moscou cette année ?
En Ile-de-France, le Portugal peut en tout cas compter sur de très sérieuses troupes. L’Algérie possède son lot d’aficionados, notamment à Marseille. Mais qu’en sera-t-il pour cette édition 2018, à laquelle participeront seulement la Tunisie et le Maroc ? Les jeunes Français d’origine maghrébine se retrouveront-ils derrière les Bleus ? Certains continueront-ils d’en vouloir à Deschamps de tenir Benzema écarté de la liste des 23 ? Réponse au cours du mois de juin.
« Fier d’être français » ?
En attendant, Fabien Bonnel, lui, est confronté à une autre problématique : convaincre qu’enfiler le maillot bleu-blanc-rouge, c’est assumer son patriotisme, mais que ça ne relève en rien du nationalisme :
« Il faut casser cela. Être cocardier, cela n’a aucun sens politique, s’emporte-t-il. J’aime mon pays et je ne me pose pas la question de savoir si je fais le jeu du FN. Ce n’est pas ce qui m’anime. Après, on est une tribune populaire. Les 20 % de frontistes, les 25 % de macronistes, on les a. Mais on est juste des grands gamins qui veulent kiffer de manière insouciante autour de l’équipe de France. »
Le mois dernier, une nouvelle écharpe a été commercialisée. Avant d’y inscrire le slogan « Fier d’être français », le capo des Bleus avoue s’être arraché ses derniers cheveux. Puis il a tranché.
« Merde, on assume. C’est repris par des personnes de tout bord politique. Certains y voient un aspect raciste. Mais, dans tous les pays, les gens revendiquent leur fierté, et on ne le leur reproche pas. »