« La politique américaine, vous savez ce que c’est ? C’est : on adore les fondamentalistes religieux s’ils sont libéral [sic, NDLR] économiquement. C’est comme ça depuis des années, c’est leur credo… On est dans un paradoxe total. »
Juge antiterroriste pendant 10 ans, Marc Trévidic est libéré d’une partie de son devoir réserve. Il parle franchement, sans détours, à un David Pujadas qui en perd la voix. Un petit discours de vérité, qui n’est pas mû par l’émotion, et qui ne fait pas appel à l’émotion, en télé, c’est rare. Mais un discours pas exempt non plus de paradoxe : d’un côté il distille une certaine terreur, de l’autre il en appelle à l’unité nationale, comme François Hollande...
Le même jour, le magistrat, décidément très sollicité, répondait aux questions du Figaro.
L’ancien juge antiterroriste aujourd’hui muté à Lille croit déceler derrière les dernières attaques à Paris le mode opératoire de djihadistes de retour de Syrie. Leur maniement des ceintures explosives serait une signature.
LE FIGARO. - Que vous disaient les derniers djihadistes que vous avez interrogés cette année ?
MARC TRÉVIDIC.- Ceux qui ont accepté de parler nous avouaient que la France était le principal ennemi de Daech et que l’organisation terroriste allait nous punir et nous frapper tous azimuts. Or, ses réserves de combattants sont inépuisables. Leur haine ne va pas s’arrêter là.
Vous aviez fortement alerté le 30 septembre sur la menace terroriste qui vient de se réaliser. Comment la Justice va-t-elle gérer l’enquête maintenant ?
Face à un tel drame, il faut savoir rester humble et soutenir toutes les victimes. Mais c’était tellement évident… Comme pour les attaques de Charlie Hedbo en janvier, le parquet antiterroriste et sa petite dizaine de substituts va être renforcé de quasiment tous les parquetiers disponibles des sections de droit commun, soit une trentaine de magistrats au total. Il faut aller vite et d’abord identifier les terroristes et leur environnement familial, amical, professionnel. Les perquisitions permettront l’accès aux éventuels ordinateurs, aux mobiles, aux messageries internet, pour y voir plus clair.
Tout se joue dans les 24 heures ?
Elles sont décisives, d’autant qu’une équipe peut encore frapper.
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Trévidic dans l’émission spéciale de France 2, le 14 novembre 2015 :