Les attentes des électeurs qui voulaient un changement de gouvernement à Ottawa sont grandes envers le Parti libéral nouvellement élu. Les promesses, dont plusieurs sont ambitieuses, demanderont temps et ressources avant d’être mises en place. Justin Trudeau respectera-t-il ses engagements ?
Élections et institutions fédérales
Le Parti libéral (PLC) s’est engagé avant la campagne électorale à mettre fin au mode de scrutin uninominal à un tour et à le remplacer par un nouveau système qui serait en place à temps pour les élections de 2019. Le chef libéral ne comptait pas dicter la voie à suivre, mais entendait plutôt confier à un comité parlementaire multipartite l’évaluation des différents modes électoraux : vote préférentiel, représentation proportionnelle, vote obligatoire et scrutin en ligne.
Le Parti libéral s’engageait également à revoir la façon de nommer les juges de la Cour suprême et les sénateurs – ce que les conservateurs s’étaient aussi engagés à faire à 2011, mais sans succès, en raison d’une décision défavorable de la Cour suprême.
Les autres promesses libérales touchant les institutions fédérales :
instaurer la parité hommes-femmes au Conseil des ministres ;
réformer la Loi sur l’accès à l’information ;
accroître le nombre de votes libres en Chambre ;
réglementer le recours aux projets de loi omnibus.
Justin Trudeau disait vouloir plus « d’ouverture et de transparence » au sein du gouvernement.
Les familles
Les libéraux entendaient faire passer le taux d’imposition des particuliers dont le revenu imposable se situe entre 44 700 $ et 89 401 $ de 22 % à 20,5 % – une tranche de la population que le parti identifie comme la « classe moyenne ». En même temps, le taux d’imposition de ceux gagnant plus de 200 000 $ devait passer de 29 % à 33 %.
Tout comme les néo-démocrates, les bloquistes et les verts, les libéraux comptaient annuler deux mesures phares mises en place par les conservateurs : la hausse du plafond de cotisation au compte d’épargne libre d’impôt (CELI) et le fractionnement du revenu pour les particuliers (les libéraux laisseront toutefois en place le fractionnement pour les aînés).
Les libéraux voulaient aussi remplacer la Prestation universelle pour la garde d’enfants (PUGE) par une allocation mensuelle pour enfants, non imposable, qui doit bénéficier davantage aux familles à faible revenu. Le chef libéral affirmait qu’il sortirait ainsi environ 315 000 enfants de la pauvreté.
Pour les aînés, une mesure phare des libéraux consistait à ramener l’âge d’admissibilité à la Sécurité de la vieillesse (SV) et au Supplément de revenu garanti (SRG) à 65 ans. Enfin, pour ce qui est de l’assurance emploi, le PLC voulait élargir l’accès au programme et réduire les cotisations en 2017.
Investissements dans les infrastructures
Justin Trudeau a promis de faire passer l’investissement fédéral en infrastructures de 65 milliards à 125 milliards de dollars en 10 ans. Le PLC prévoit des investissements massifs dans les infrastructures de transport routier et collectif, dans les logements abordables, les garderies, les aqueducs et les édifices verts, notamment. Afin de financer leurs promesses, les libéraux inscriront des budgets à l’encre rouge pendant trois ans.
Postes Canada
Les libéraux disent vouloir arrêter le processus d’installation des boîtes postales communautaires, amorcée sous le gouvernement conservateur sortant, un plan visant à mettre fin à la livraison du courrier à domicile.
Justin Trudeau a affirmé : « Nous nous engageons à rétablir le courrier à domicile, les gens s’attendent à un certain service et nous allons le leur livrer. » Mais comme l’a constaté Radio-Canada pendant la campagne, il est difficile de savoir qui serait concerné parmi ceux qui n’ont pas encore été convertis, ceux qui ont été convertis depuis deux ans ou tous ceux qui reçoivent leur courrier dans une boîte communautaire au pays, même depuis longtemps.
Réduction des GES
Même s’il ne prônait pas l’instauration d’une bourse du carbone au pays, comme le NPD, Justin Trudeau soutenait qu’il fallait néanmoins « mettre un prix sur les émissions de carbone ». Il comptait discuter avec les provinces pour « pour établir un cadre visant à réduire l’empreinte de carbone au Canada ».
À quelques semaines de la conférence de Paris sur le climat, la position libérale sur les émissions de GES sera mise à l’épreuve. Les libéraux comptent inviter les premiers ministres des provinces à les accompagner à la conférence.
Financement des soins de santé
Justin Trudeau s’était engagé à négocier une nouvelle entente à long terme sur le financement des soins de santé avec les provinces. Il avait notamment promis au premier ministre du Québec, Philippe Couillard, « un vrai partenariat » entre Ottawa et les gouvernements provinciaux.
Les conservateurs avaient prolongé jusqu’en 2016 une entente sur la santé avec les provinces, qui prévoyait une hausse annuelle des paiements de transfert en santé aux provinces de 6 %.
À partir de 2017 toutefois, l’augmentation doit être réduite à la croissance du PIB nominal, ce que dénoncent les provinces, puisque leurs coûts en matière de santé sont en forte croissance, en raison notamment du vieillissement de la population.
Le PLC veut convoquer « une rencontre fédérale-provinciale afin de convenir d’une entente à long terme sur le financement des soins de santé », avait affirmé Justin Trudeau.
Partenariat transpacifique
Concernant l’entente sur le Partenariat transpacifique, intervenue en pleine campagne électorale entre le Canada et 11 autres pays et dont les détails n’ont pas été rendus publics, le chef libéral a rappelé que son parti était pour le libre-échange et qu’une entente de la sorte devait en principe être profitable pour le Canada. Le parti avait toutefois refusé de dire ce qu’il adviendra du PTP s’il est porté au pouvoir, tant que son contenu ne sera pas dévoilé.
Autres promesses phares :
Légaliser la marijuana
Ne pas instaurer de péage sur le nouveau pont Champlain
Bonifier l’aide à la culture et à Radio-Canada
Annuler la commande d’avions de chasse F-35 et choisir des aéronefs plus abordables
Mettre fin à la mission de combat contre l’État islamique en Irak et en Syrie [confirmé le 21 octobre 2015 : « Trudeau a informé Obama de l’arrêt des frappes canadiennes contre Daesh », NDLR]