Les manifs contre la loi Travail au printemps 2016 avaient donné lieu à d’intenses échauffourées dans le centre-ville de Nantes (et de Rennes), parfois à la limite de l’émeute gratuite. Il s’agissait de casser du flic, les images le prouvent. La violence des antifas sur place, manipulés ou pas, laissait présager une réponse tout aussi violente des forces de l’ordre.
À l’époque, le pouvoir socialiste naviguait entre provocation au chaos (en blanchissant les exactions des factions gauchistes) et répression concrète devant un tel déploiement de violences et d’appels à la violence, voire au meurtre. Les antifas appréhendés lors des événements (de mars à juin) ou lors des enquêtes étaient systématiquement libérés, par on ne sait quel miracle juridique.
Il s’agissait alors de criminaliser la résistance des travailleurs – qui n’ont rien à voir avec les antifas, majoritairement improductifs – qui voyaient pointer le museau dangereux du libéralisme derrière le masque humain du socialisme. C’est pour cela que l’oligarchie a toujours utilisé le socialisme contre les peuples : les « réformes » libérales passent mieux ainsi, le citoyen moyen ne voyant pas malice dans le mélange des genres et des idéologies.
« Le parquet de Nantes a envoyé un courrier aux plaignants pour expliquer que les faits dénoncés ne relèvent pas de poursuite » (un avocat des plaignants)
Il faut admettre que de prendre une boule de flashball dans la tête ou goûter à l’impact d’une grenade de désencerclement n’a rien d’une sinécure. Mais la police ne pouvait pas rester sans rien faire devant l’escalade programmée des provocations. C’est d’ailleurs un miracle qu’il n’y ait pas eu de morts. Dans cette pièce nationale aux quatres acteurs, les manifestants sincères, les antifas cherchant le heurt, les forces de l’ordre dans la rue et l’autorité politique à Paris, tout a été fait pour détruire aux yeux du public le mouvement social et la grogne anti-gouvernementale.
L’état d’urgence, commencé le 14 novembre 2015 suite aux tueries de Paris, sera probablement prolongé jusqu’en novembre 2017 suite à l’attentat de... Manchester, d’après le nouveau ministre de l’Intérieur. Un statut qui permet de contrôler les libertés publiques sous prétexte de lutte contre le terrorisme, qui a bon dos.
Pour le commun des Français, il est difficile de saisir le rôle réel de ces antifas car ils donnent l’impression d’être des opposants radicaux au pouvoir. L’explication est simple : l’antifa travaille consciemment ou pas pour le pouvoir profond, mais est combattu par le pouvoir visible, qui est bien obligé d’envoyer la force publique en cas de trouble à l’ordre public.
« La réalité et la gravité des risques de troubles à l’ordre public mentionnés par l’arrêté du préfet étaient établis tant par les pièces du dossier que par les échanges lors de l’audience publique »
Quand on pense que le spectacle de Nantes du 9 janvier 2014 de Dieudonné a été interdit pour cause de trouble à l’ordre public par le Conseil d’État, qui a cassé la décision du tribunal administratif, et que les manifestations d’antifas ont eu lieu à Nantes dans une impunité quasi-totale malgré l’état d’urgence, on saisit mieux la distinction entre le pouvoir répressif réel de l’État profond et la paralysie du pouvoir gouvernemental de représentation, qui est in fine aux ordres du premier.