L’avocate de la famille de Leonarda a déposé un recours afin de permettre le retour de sa famille sur le territoire français.
Maître Brigitte Bertin a interjeté appel (Ndlr : faire appel d’une décision de justice), elle demande l’annulation du refus de titre de séjour, portant obligation de quitter le territoire français (OQTF), et sollicite pour ses clients, un titre de séjour « vie privée et familiale ».
Elle avance deux points, sujets à controverse :
- Seul le père est né au Kosovo, le reste de la famille est né en Italie, donc l’argument du tribunal administratif de Besançon, selon lequel « la durée de séjour des intéressés est relativement faible au regard du nombre d’années passées dans leur pays d’origine. Rien ne fait obstacle à ce que la vie familiale se poursuive dans le pays d’origine » ne tient pas, car la famille (sauf le père) n’aurait que peu vécu au Kosovo.
- Les autorités n’auraient pas tenu compte d’une « spécificité rom » : « On a insisté sur leur comportement pas exemplaire a priori. Mais on n’a pas pris en compte une spécificité importante : ce sont des membres de la communauté rom ! Quand quelqu’un sort d’un bidonville, vous ne pouvez pas exiger de lui un comportement parfait... ».
Leonarda Dibrani a déclaré :
« On veut rentrer en France, parce qu’ici on se sent mal. On meurt de faim, on n’a pas de travail. Comment ma mère, qui va accoucher dans deux mois, va-t-elle nourrir le bébé ? Ils vont nous mettre dehors ! Ils nous ont déjà coupé la télé et Internet ! Ce n’est pas de la justice, mais de l’injustice. Je vais me tuer, car ici nous n’avons pas de vie ! ».
Maître Yves Claisse, représentant la préfecture du Doubs au tribunal administratif de Besançon a souligné que :
« La décision du tribunal m’est apparue fondée et surtout bien motivée. Comment l’administration aurait-elle pu savoir ce que même l’avocate des Dibrani ignorait ? Il n’y a aucune trace de leur passage en Italie… Et si les Dibrani se plaignent de ne pas être aidés au Kosovo, en tout cas, ils ne sont pas persécutés ! Il n’y a rien dans leur dossier qui pourrait faire pencher la balance dans l’autre sens. Pourquoi se priver d’un appel qui ne vous coûte rien et qui fait parler de vous dans le journal ? Il n’y a pas de raison qu’ils n’épuisent pas tous les recours. Le contentieux, c’est le seul moyen de faire vivre, artificiellement, leur demande d’asile… »
Cette famille rom avait été expulsée en octobre 2013 après le refus des autorités de leur délivrer un titre de séjour. Quelques étudiants, souhaitant profiter des beaux jours, avaient déambulé dans les rues de Paris pour réclamer l’arrêt de la procédure de reconduite à la frontière.
François Hollande s’était ridiculisé devant la France entière en prenant la parole à ce sujet sur le petit écran. Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, avait joué le rôle de l’homme politique inflexible, qui ne cède pas à la pression des associations immigrationnistes, se drapant pour peu de frais dans une étoffe de fermeté alors que pendant ce temps-là, il régularisait 35 204 clandestins (chiffre en hausse de 51% par rapport à 2012 qui avait vu 23 294 personnes obtenir des titres de séjour).
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