Le parti conservateur Nouvelle-Démocratie en faveur du maintien du pays dans la zone euro devance de 1,6% la gauche radicale anti-rigueur Syriza, selon un sondage sortie des urnes actualisé deux heures après la fermeture du scrutin dimanche et diffusé sur les télés grecques.
Ce résultat ne permettrait pas aux conservateurs de gouverner seuls. Problème : le PASOK, parti socialiste, troisième force, ne semble pas vouloir participer à une coalition sans Syriza, si l’on en croit les déclarations de plusieurs responsables du parti.
Les bureaux de vote en Grèce ont ouvert ce dimanche à 7h pour des élections législatives test qui prennent l’allure d’un référendum sur l’euro et serviront à déterminer l’avenir du pays dans la zone monétaire européenne. Selon un sondage "sortie des urnes", la droite et la gauche radicale seraient à quasi-égalité.
Les quelque 9,9 millions de Grecs inscrits sur les listes électorales sont appelés à départager les deux principaux partis en lice, la Nouvelle Démocratie (droite) qui se porte en garante du maintien de la Grèce dans l’euro tout en demandant des modifications au memorandum signé entre Athènes et ses créanciers, et Syriza (gauche radicale) qui vient de commencer à demander une renégociation du pacte après avoir appelé pendant des semaines à son abandon pur et simple.
Déclarations des deux favoris à la sortie des bureaux de vote
La Grèce a "vaincu la peur", a déclaré ce dimanche le chef de la gauche radicale (Syriza), Alexis Tsipras après avoir voté à Athènes. "Nous ouvrons la voie à une Grèce de justice sociale, membre à égalité d’une Europe qui change", a-t-il ajouté. Sa possible victoire face à la droite est redoutée en Europe du fait de son rejet de la cure de redressement imposée par l’UE et le FMI, qui ont menacé le pays d’une éviction de l’euro s’il devait renier ses engagements de redressement.
Une "nouvelle ère" commence en Grèce après l’élection législative cruciale de dimanche, a estimé le dirigeant du parti conservateur Nouvelle Démocratie Antonis Samaras, vu comme un possible vainqueur du scrutin. "Aujourd’hui le peuple grec parle. Demain commence une nouvelle ère pour la Grèce", a dit Antonis Samaras à la presse dimanche après avoir déposé son bulletin dans l’urne dans sa ville de Pylos, située dans la péninsule du Péloponnèse.
Syriza et Nouvelle Démocratie au coude à coude
Selon les derniers sondages officiels parus il y a quinze jours, les deux partis sont au coude-à-coude. Jeudi, la bourse, où circulent nombre de sondages sous le manteau, avait clairement anticipé une victoire de droite en gagnant 10% en une seule séance. Les électeurs grecs ont été mis en garde plus ou moins directement par de nombreux responsables européens sur l’issue de leur vote.
Sous l’oeil de l’Allemagne
Rompant avec sa neutralité affichée jusque là, la chancelière allemande Angela Merkel a jugé samedi "important" que les Grecs élisent dimanche une majorité respectant les engagements du pays en matière d’austérité. Dans un pays polarisé, cela équivaut à soutenir la droite d’Antonis Samaras, qui se présente comme garante de l’ancrage du pays dans la zone euro face à la gauche radicale d’Alexis Tsipras, dressée contre l’austérité et les réformes imposées à la Grèce.
Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds monétaire international, avait aussi jugé "important" de "renouer le dialogue (...) dès la semaine prochaine" avec Athènes. Elle avait mis en avant la nécessité de "remettre les compteurs à jour" après les semaines de vide politique ayant suivi le précédent scrutin du 6 mai qui n’avait permis de dégager aucune majorité.
Le président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker avait pour sa part appelé les Grecs à "être conscients" de "l’effet dévastateur" qu’aurait une sortie de leur pays de l’euro et de l’UE.
Les responsables des pays riches et émergents du G-20 ont dit qu’ils se tenaient prêts à réagir à Los Cabos au Mexique où ils seront réunis à partir de lundi, tandis que les marchés financiers asiatiques seront les premiers à guetter le dépouillement du scrutin.