L’administrateur principal du partimoine culturel chinois vient de condamner la reconstruction massive des vieilles villes dans tout le pays, comme étant un « désastre » pour la protection du patrimoine historique culturel.
« Les bulldozers ont déjà rasé de nombreux quartiers historiques », s’est ainsi lamenté Shan Jixiang, directeur de l’Administration d’Etat du Patrimoine Culturel (AEPC) dans un discours prononcé en ligne lundi.
« Beaucoup d’exemples d’architecture traditionnelle qui auraient pu être transmis aux générations futures comme les souvenirs les plus précieux d’une ville », a-t-il dit, « ont été implacablement détruits ».
M. Shan dit que de nombreuses villes de Chine vont dans la mauvaise direction en détruisant massivement des joyaux architecturaux, quand bien même l’urbanisation cause des problèmes de développement tant en zone urbaine que rurale.
Les chiffres officiels ne font que souligner les affirmations de M. Shan. Les chiffres les plus récents publiés par le Ministère du Logement et du Développement Urbain-Rural montrent que la Chine construit deux milliards de mètres carrés de nouveaux logements chaque année, consommant 40% des matériaux de construction du monde entier.
« La protection du patrimoine culturel en Chine est entrée dans sa période la plus difficile, la plus grave et la plus critique », a averti M. Shan.
Aucune statistique officielle n’existe quant au nombre de sites du patrimoine culturel potentiel qui ont été détruits par démolition dans le pays.
Mais un fonctionnaire du nom de Peng, de l’AEPC, dit que le nombre de sites fixes du patrimoine, comme des bâtiments ou des jardins, a fortement baissé depuis les années 1980, quand une campagne d’urbanisation extensive a débuté dans le tout le pays.
A Beijing, par exemple, 4,43 millions de mètres carrés de vieilles maisons à cour carrée ont ainsi été démolis depuis 1990, couvrant 40% environ du centre historique de Beijing.
Même Nanluoguxiang, autrefois une rue commerçante florissante sous la Dynastie des Yuan (1271-1368) n’a pu échapper au triste sort de l’érosion urbaine.
Les statistiques sont particulièrement parlantes. Dans les années 1950, Beijing abritait 7 000 hutongs. Dans les années 1980, leur nombre était tombé à 3 900, et ils ont continué à disparaitre au rythme de plus de 600 par an depuis, d’après un article de China Architecture News.
Dans la même veine, le gouvernement municipal de Dali, dans la province du Yunnan, dans le Sud-Ouest de la Chine, a-t-il fait détruire au mois de mai une section des remparts de la ville vieille de 1 300 ans pour faire place à une nouvelle voie rapide.
L’administrateur dit être fermement opposé aux notions de « rajeunissement des vieilles villes » et de « rajeunissement des logements anciens et menacés » dans le développement urbain.
Ce genre de développement, a-t-il ajouté, se fait souvent aux dépens d’une architecture qui date de « plusieurs centaines, voire plusieurs milliers d’années ».
D’après M. Shan, certaines villes de Chine petites et moyennes ont transformé de manière aveugle leur paysage urbain en faveur de tours et de gratte-ciels comme symboles futuristes de l’urbanisation et de la modernisation.
Mais ce mouvement a rendu de trop nombreux paysages urbains « rigides, superficiels et froids », a-t-il dit.
M. Shan a également critiqué le gaspillage des ressources causé par la faible durée de vie de nombreux bâtiments en Chine.
La durée de vie moyenne d’un bâtiment en Chine est de 30 ans, alors qu’elle est de 132 ans en Grande-Bretagne et de 74 ans aux Etats-Unis, d’après les statistiques.
« De nombreux bâtiments ont été détruits alors qu’ils pouvaient encore servir », a-t-il ajouté, critiquant le manque de vision des administrateurs urbains. « Et ça, c’est un désastre, tant pour l’environnement que pour les ressources ».